«Mes tableaux sont comme un condensé de film, de la première à la dernière image» dit Eric Corne, grand admirateur du cinéma de Pasolini ou d'Antonioni par exemple. Dans ce tableau (issu de la série Diotima, 2012), ce dernier lui aura peut-être inspiré la curieuse éclipse de soleil derrière la croisée. «Comme dans les films de Pasolini ou d'Antonioni, dans mes tableaux, ça fout le camp, ça fuit de partout et pourtant quelque chose apparaît... C'est la puissance du mythe parfois.»
Ici, le temps fuit à la surface symbolique d'une horloge, l'espace et les proportions ne respectent plus leurs clôtures ni leurs coutures habituelles avec ce crâne démesuré et boursoufflé, ce parquet trop vertical, ce trou de lumière sans attache, cette césure blanche d'une toile isolant les deux protagonistes...
Les reflets du miroir bancal, le regard de la jeune femme, l'œil en coin du peintre fuient quant à eux vers nous, nous ou ce hors-champ quelque peu intrigant et angoissant... L'ensemble de cette mise en scène rappelle beaucoup celle des Ménines de Vélasquez (avec ses innombrables jeux de regards et questions posées à la représentation), tableau qu'Eric Corne considère comme rien moins que «l'emblème de notre civilisation».
Jean-Emmanuel Denave