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Raymond Depardon

Hôtel de Région

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Le tour de France de Depardon

Pendant cinq ans, Raymond Depardon a photographié la France des villages et des petites villes. Parmi les 10 000 clichés réalisés, il en présente une quarantaine au Plateau. Jean-Emmanuel Denave

«Pour moi il y a trois sortes de France : la France du centre-ville avec ses commerces franchisés et ses parkings ; la France des banlieues ; la France des petites villes et des petits villages. La France que je voulais photographier, c’est celle d’où je viens, celle du Tour de France, des ronds-points et des villages ou moyennes villes, avec des petites zones industrielles ou urbaines qui se ressemblent toutes et qui sont très peu photographiées» écrit Raymond Depardon (né en 1942 près de Villefranche-sur-Saône).

Pendant cinq ans, à raison de trois mois par an, Raymond Depardon va donc sillonner cette France des villages dans son camping car. Il réalisera quelque 10 000 clichés en couleurs à l’aide d’une chambre photographique aux temps de poses longs (une seconde environ). Son parti pris est celui du paysage, de la vue urbaine et de l’architecture remarquable, et très rares sont donc les personnages apparaissant sur ses images. «Lorsque j’ai projeté de photographier la France, j’ai su qu’il fallait la photographier autrement : ne pas aller à la rencontre des gens avec mon Leica, ne pas collectionner les Fragonnard en haut des buttes, mais retrouver ce chemin qui va de la maison à l’école, le bar-tabac, stationner quelque part, attendre, pas trop longtemps, partir…»

L’image seule

Après son exposition à la Bibliothèque Nationale à Paris, Depardon présente à Lyon une quarantaine d’images de très grand format (2 mètres sur 1, 60 mètre). La France de l’intérieur est exposée au sein d’un caisson et le littoral sur ses côtés. On est immédiatement immergés parmi ces paysages que l’on connaît tous plus ou moins, ces façades de troquets intemporels, ces étals de fruits et légumes éclatant de couleurs, ces villages accrochés à flanc de montagne…

Volontairement, le photographe présente ses images sans légende (on les découvrira dans une seconde partie de l’exposition, agrémentée d’archives sur le projet dans son ensemble : cartes, cahiers de notes…), insistant sur la découverte purement visuelle, l’immersion, la perte des repères et des références géographiques. Le photographe oscille entre des vues "typiques" (la carrosserie sans âge, le Bar Le Penalty…) et des vues plus "pittoresques" avec quelques architectures remarquables, quelques nuances de façades originales…

Les images sont bien sûr de très grande qualité et, face à elles, on éprouve tour à tour de l’intérêt, un brin de nostalgie et de l’ennui aussi. Mais l’ennui, le temps non décisif, le banal sont justement les éléments clefs de la démarche photographique de Depardon.

La France de Raymond Depardon
Au Plateau, Hôtel de Région Rhône-Alpes, jusqu’au 2 mars 2013

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