De rouille et d'os

Arlt + Happy Church

Grrrnd Zéro

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

On avait découvert Arlt avec le bien nommé La Langue, où celle-ci – organe comme idiome – était travaillée à la laine de verre d'une drôle de chanson française, bancale et fantasque, râpeuse et joueuse, précieuse et dilettante. Cela donnait des titres comme La Rouille, Les Dents ou Après quoi nous avons ri, dont il était bien difficile de se défaire.

 

 

 

 

Feu la figure, la deuxième saillie du duo, pour l'occasion soutenu par The National (!), est à l'image de son prédécesseur et à vrai dire on n'en demandait ni n'en attendait pas davantage. On y trouve toujours ces guitares tordues et dissonantes, ces rythmiques cinoques au bord de la syncope et cette poétique de la terre (langue ?) brûlée. D'emblée l'hypnose opère avec Le Pistolet dans le chevauchement d'une poignée de phrases équivoques et de quelques vocalises de plaisir : «tu as la bouche pleine, tu as les dents froides, tu m'aimes bien ça se voit - Tu m'as pris pour un pistolet (…) des fois tu es dans la lune, je ne sais pas».

Chez Arlt, le râle est permanent, car on aime différemment, surréalistement. On aime Sans (les) bras, on aime la chair, autant qu'on aime à l'os, ressassant des obsessions sur les parties du corps - décomposées, arrachées, humaines et animales – mais aussi l'eau, le pourrissement et la mort. Ethos et Thanatos jamais mieux entremêlés que sur Chien mort, mi amor. Entre amour branlant et mort inéluctable, chez Arlt, on vacille ou, comme ils le chantent sur Une sauterelle (dessinée par un fou) : «Ca tremble et tout ce qui tremble est vrai».

Stéphane Duchêne

Arlt + Happy Church
A Grnd Zero Gerland, vendredi 1er février

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Jeudi 4 novembre 2021 En plein mois de novembre, Bertrand Belin et Agnès Gayraud aka La Féline prennent d'assaut l'Opéra Underground pour une carte blanche musicale dont la diversité le dispute à l'exigence, au point de transformer la chose en semaine de la découverte.
Mardi 10 novembre 2015 Duo si singulier qu'il parvient à désosser la langue, qui est pourtant un muscle, Arlt invente dans la déconstruction une nouvelle chanson française dont la noblesse est dans la démarche : bancale et incertaine, réaliste et insensée. Stéphane Duchêne
Mardi 6 octobre 2015 La Souterraine nous gâtait déjà bien avec ses concerts au Café du Rhône, en exploration d'une pop française souvent francophone et psychédélique. Voilà qu'on a droit à un festival réunissant quelques-uns de ses chouchous, des nôtres, et bientôt des...
Mardi 22 septembre 2015 Ah, la France et sa diversité. Elle sera belle cette année, entre piliers indéboulonnables, y compris de nos salles lyonnaises, comebacks attendus, jeunes gens modernes (indé ou pas) pétris de talents et éternels relous. Rien que de très classique...
Vendredi 6 mars 2015 Déroute intégrale pour Neill Blomkamp avec ce blockbuster bas du front, au scénario incohérent et à la direction artistique indigente, où il semble parodier son style cyberpunk avec l’inconséquence d’une production Luc Besson. Christophe Chabert
Vendredi 18 mars 2011 Musique / Qu'on y voit une forme d'ironie chantante ou d'esthétique du décalage, il y a actuellement un courant dans la chanson française qui prend un malin (...)
Vendredi 11 septembre 2009 De Neill Blomkamp (Afrique du Sud-Nouvelle Zélande, 1h50) avec Sharlto Copley, Jason Cope…

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X