Les publicités et les BO de films ont ceci de particulier qu'elles peuvent nous faire découvrir et aimer un artiste puis/ou nous en dégoûter à vie. On appelle cela la jurisprudence Radical Face, un type qu'on chérissait tranquillou dans notre coin, depuis des années, avant que Nikon ne décide de nous en gaver les esgourdes.
Prenons le Big Jet Plane d'Angus Stone (et de sa Julia de soeur), que l'on retrouve sur la bande originale de cet énième navet sur l'amitié virile qu'est Mon Pote de Marc Esposito, un certain nombre de séries et la pub pour Center Parcs, cet enfer sous cloche : voilà qui a de quoi vous vacciner pour de bon contre les productions du bonhomme. Ce serait un (demi) tort.
Car son Broken Brights sorti l'an dernier est une petite déclaration d'amour à la country old school, sertie de bijoux moins clinquants que la quincaillerie formatée pour les jingles météos et les scènes cathartiques des comédies à deux balles. Or quand on dit country, il faudrait entendre "countries", car Angus est allé enregistrer son album aux quatre coins du monde : en Inde, dans les Alpes et bien sûr chez lui en Australie – certes ça ne fait que trois coins, mais qui contribuent à enrichir et colorer l'ensemble.
Reste que, pour reprendre la célèbre maxime d'André Manoukian, les compositions de l'Huckleberry Finn des Antipodes sentent parfois «un peu trop le savon, et pas assez la foufoune». Ou pour le dire moins crûment manquent un peu de cette noirceur qui ferait passer le bonhomme dans la catégorie supérieure des songwriters pour qui sensibilité et sensiblerie ne vont pas en vacances ensemble à Center Parcs.
Stéphane Duchêne
Angus Stone
Au Kao, vendredi 1er février