Le voyage fantastique

Eugene McGuinness

Marché Gare

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Déjà remarqué il y a quatre ans pour un fameux album éponyme, Eugene McGuinness s'impose comme l'un des nouveaux patrons de la pop anglaise. Il nous la fait visiter de fond en comble avec le terrible "The Invitation to the Voyage". Stéphane Duchêne

Dans la deuxième strophe de L'Invitation au voyage, Baudelaire écrit ceci: «Des meubles luisants / Polis par les ans, / Décoreraient notre chambre ; / Les plus rares fleurs / Mêlant leurs odeurs / Aux vagues senteurs de l'ambre, / Les riches plafonds, / La splendeur orientale, / Tout y parlerait / Á l'âme en secret / Sa douce langue natale». N'était cette histoire de splendeur orientale (encore que non, comme le prouvera l'écoute du titre Thunderbolt), ces vers pourraient tout à fait s'attacher à décrire le splendide The Invitation to the Voyage d'Eugene McGuinness. Quant à la langue natale parlée par l'âme de cette musique, c'est celle de la pop anglaise dans ce qu'elle a de plus noble. Autrement dit une pop anglaise qui remonte aux racines de l'esprit pop, aux origines de ce dandysme qui de George "Beau" Brummel à Richard Hawley a traversé plus de deux siècles de style et de culture britannique.

Luxe et volupté

De voyage, il est effectivement question sur le deuxième album de ce Londonien qui ne s'interdit aucune destination à travers l'inconscient pop britannique. Une inclination qui nous oblige à en faire un émule de Damon Albarn (même curiosité insatiable, mêmes moyens de la satisfaire, comme sur ce petit funk 80's très Talking Heads qu'est Japanese Cars) ; l'égal d'un Conor O'Brien (Villagers), collègue de label chez le décidément très inspiré Domino Records ; le rejeton d'un Richard Hawley, pour sa capacité à manier la guitare avec inspiration, ce truc particulier qui vient de là qui vient du blues et ce sens du crooning vintage (Invitation to the Voyage, Joshua, belle incursion 50's) ; un cousin éloigné de Neil Hannon (Divine Comedy) pour la fantaisie qui le pousse par exemple à reprendre le Blue Jeans de Lana del Rey et d'en oblitérer le statut de chef-d'oeuvre. C'est que visiblement McGuinness s'amuse comme un fou dans l'exercice du pastiche – le titre Shotgun qui reprend la trame du Peter Gunn Theme des Blues Brothers en est une preuve de plus, pour ne pas dire du détournement d'avion – le même titre, reprenant des motifs de son propre Harlequinade qui ouvre l'album. L'invitation est là, le voyage lui, est bien trop exaltant pour être de tout repos. Tout n'y est que beauté, luxe et volupté mais pour le calme et l'ordre on repassera. Tant mieux.

Eugene McGuinness
au Marché Gare, jeudi 7 février

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