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The Delano Orchestra

EITSOYAM (Kütü Folk/Differ-ant)

A sa manière, le label Clermontois Kütü Folk a toujours été l'équivalent français de son collègue canadien Constellation. Au sens où chez l'un, Kütü, comme chez l'autre, Constellation – qui ajoute une dimension résolument politique à sa raison d'être –, l'on ne voit la pratique musicale et tout ce qui l'entoure que comme un artisanat. Ce qui, outre la découverte de quelques talents bien salés, a longtemps valu à Kütü Folk, d'être le label-où-l'on-coud-ses-pochettes-à-la-main – un usage de l'aiguille alors bien peu répandu dans l'univers du rock.

Xxx

De ce collectif devenu label qui abrite aujourd'hui joyaux locaux (St Augustine, également membre fondateur, Zak Laughed) aussi bien qu'« estrangers » (Hospital Ships, SoSo), The Delano Orchestra tire depuis toujours plus ou moins les ficelles. Longtemps celles-ci son restées résolument folk. Mais comme le label, TDO a opéré avec l'énigmatique EITSOYAM une mue esthétique aussi impressionnante que légèrement entrevue sur leur précédent disque Will anyone else leave me.

Dans une atmosphère amniotique et une lumière de nuit américaine qui vire au crépuscule islandais avorté – ces crépuscules qui se changent instantanément en aurore – tout n'y est que variations et brouillage des apparences. Brouillage comme ces grésillements entendus sur le très linkousien (entendre « à la Mark Linkous » de Sparklehorse, auquel il semble de bon ton de rendre hommage ces temps-ci) Wollaws, un morceau qui explose soudain en Xxx, comme aux plus belle heures de Dinosaur Jr, avant de repasser en mode Linkous avec Breathe : trois morceaux en un, un morceau en trois, exemple triptyque parmi d'autres d'un album pensé avant tout comme un tout, une déambulation à travers des influences et des univers multiples qui ne demandaient qu'à se connecter.

Ciel étoilé

EITSOYAM joue donc ici les vortex reliant ces mondes – à travers lesquels seul Mark Linkous semble habiliter à (tré)passer à l'infini, privilège des revenants et des passe-murailles – et nous livre un TDO d'une autre dimension – à tous les sens du terme donc – qui, dans telle autre réalité, eut été un groupe rock indé pur et dur (Wake Up, Always) ou dans tel autre un protée post-rock bien fondu (November).

Comme sur la pochette bleutée d'EITSOYAM, le groupe se dédouble et même plus que ça, la lumière rendant les ombres fantomatiques, la nuit étouffant les sons des spectres, engourdissant les impressions, étourdissant les sens. Car ici qu'une chanson soit titrée November ou Summer (superbe finale de l'album), Light Games ou Candle, quoi qu'il arrive on y voit mal, il pleut à l'intérieur, et le plafond s'ouvre en une constellation qui se referme sur nous. De sorte que comme chez Ralph Waldo Emerson ce « ciel étoilé qui tombe la nuit [nous] fasse d'éternelles funérailles ». Eternelles et délicieuses.

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