Troubles du comportement

C’est une plante qui n’a rien à faire là. Le couple qui, au retour de ses vacances, reprend possession de son appartement, ne sait pas d’où vient ce simili cactus. Les voisins auxquels il avait confié ses clés se seraient-ils plus immiscés que prévu dans cette maison ? Serait-ce sa mémoire qui défaille ? L’un des deux ment-il à l’autre ? Pour le faire rire ? Pour se venger ? Comme la pantoufle de Ionesco qui grandit jusqu’à envahir dans Amédée ou Comment s’en débarrasser, cette plante n’est en fait qu’une matérialisation de ce qui ne tourne pas rond chez Sophie - le grand retour de Sophie Cattani à Lyon, après être passée devant la caméra, notamment de Claude Miller - et Antoine.

A partir de cette ouverture, Marius von Mayenburg, 41 ans - et déjà mis en scène par les plus grands, de Ostermeier à Françon en passant par le collectif D’Ores et déjà ou par... lui-même à la Schaubühne de Berlin - a créé un texte domino où chaque fin de scène s’articule à la suivante via un personnage qui change de rôle. Tout se déglingue, les couples sont interchangeables, les situations a priori banales flirtent sans cesse avec le fantasmagorique. Le Collectif Ildi ! Eldi, lui, s’empare avec une justesse d’équilibriste de ce texte presque à l’os.

Le théâtre ce TOC

Las, quand Von Mayenburg se lance dans des scènes plus outrancières (les hétéros virent gays, un enfant surgit déguisé en officier nazi…) et que les comédiens foncent à grands renforts de costumes, de perruques et de gesticulations dans la brèche de la régression, la pièce perd de sa finesse. Un travers légitimé assez maladroitement par l'affirmation, tardive, que le collectif fonctionne sans metteur en scène - tant pis pour Gilles Chavassieux, pourtant crédité au générique dans ce rôle.

Fort heureusement, un fil rouge (un paquet à ouvrir) donne une colonne vertébrale à l’ensemble. Lequel, in fine, se revèle moins foutraque que veulent nous le faire croire le collectif et l'auteur. Ils sont en tout cas suffisamment talentueux pour ne rien se refuser. Surtout pas de finir sur une comptine enfantine qui, sans prévenir, émeut.

Perplexe
aux Ateliers, jusqu’au jeudi 28 mars