Sotte en hauteur

Christine Berrou

Le Boui Boui

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

On connaissait la vraie-fausse nunuche façon Anne Roumanoff. On connaissait aussi la garçonne forte en gueule type Florence Foresti. Christine Berrou invente une troisième voie pour l'humour au féminin. Benjamin Mialot

Sur la fin de De l'importance de prendre de la hauteur, le one-woman-show qu'elle donne depuis un peu plus de deux semaines et jusqu'à la fin du mois au Boui-Boui, Christine Berrou fait étalage du pouvoir d'intimidation en sa possession en faisant mine de chercher un cobaye dans le public. Silence époumonant, sourires crispés, postures compassées : l'effet est saisissant. Il l'est d'autant plus qu'il ne tient pas simplement à la nature ambivalente de la relation artiste-public et à quelque crainte ancestrale du regard de l'autre. Il tient aussi au fait que, durant l'heure précédant l'expérience, cette journaliste reconvertie dans le stand-up a fait montre d'un sens de l'interactivité et d'un don pour la répartie cinglante assez phénoménaux. Le soir de notre présence, un bavard d'un certain âge et un trentenaire à l'air rigide, sans cesse pris à partie sous les sobriquets respectifs de Père Fouras et Hitler, l'auront constaté à leurs dépens.

It-girl next door

Le hic, c'est que dès qu'elle interrompt cet impitoyable et néanmoins bienveillant jeu de massacre, Christine Berrou devient une humoriste presque comme les autres, avec ce que cela suppose de jeux de mots volontairement foireux, d'anecdotes plus ou moins pertinentes sur la merditude du quotidien (misère sexuelle, incommunicabilité parentale...) et de bashing de stars de la variété ou du petit écran. Mais presque seulement. Déjà parce que si les parties les plus écrites du spectacle sont les plus faibles, elles ne sont pas exemptes de fulgurances scabreuses («Je croyais qu'Hitler aimait bien les Juifs, que s'il leur mettait des étoiles jaunes, c'était parce qu'il les mettait dans ses favoris»), absurdes - telle cette manière insensée qu'elle a de recourir à des métaphores arboricoles - ou distanciées - le passage obligé de la parodie guitare-voix devenant ici une composition contemporaine au triangle.

Ensuite et surtout parce qu'avec sa voix et son énergie de petite fille souffrant d'une carence de méthylphénidate, son physique de girl next door en mal de romance et son franc parler auto-dérisoire, Christine Berrou est une attachante et bienvenue anomalie dans le paysage de la comédie, à l'instar des Américaines Tina Fey (scénariste du Saturday Night Live et créatrice et premier rôle de la sitcom 30 Rock) et Lena Dunham (créatrice de la série Girls, produite par Judd Apatow).

Christine Berrou
au Boui-Boui, jusqu'au samedi 30 mars

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