«Le plus dur, ce n'est pas la chute, c'est l'atterrissage». Les paroles de La Haine pourraient être l'incipit de TAC, texte que le prolixe auteur Philippe Minyana a tiré de la relecture de son propre texte Pièces, vieux de douze ans, à la demande du jeune metteur en scène Laurent Brethome. Pour la première fois, celui qui s'est attaqué avec folie et drôlerie à Feydeau (On purge bébé), avec une grave intelligence à Hanoch Levin (Les Souffrances de Job) et un peu moins d'inspiration à Racine (Bérénice), ose se confronter au récit d'un auteur vivant. Et il en profite pour interroger sans détour la pauvreté et la question plus que jamais fondamentale du logement.
La figure centrale de la pièce, jouée par le comédien Philippe Sire, à l'origine de la rencontre entre le dramaturge et le metteur en scène, vient de se faire expulser par son propriétaire. Il accumulait des tonnes de journaux depuis des décennies, le sol penchait. Exit. Aucune considération. Quand la société le zappe à grande vitesse, Gérard Tac se met à ralentir, reculer même, en recroisant d'anciennes connaissances, à rebours de la marche du monde, entre fantasmagorie et réalisme. Dans un climat poisseux et humide très justement traduit par la scénographie de Julien Massé (il pleut beaucoup, il fait souvent sombre, la maison se casse la figure...), cette pièce colle aux basques du spectateur et ne le laisse pas tranquille. Et c'est une bonne nouvelle.
Nadja Pobel
TAC
au Radiant-Bellevue, mercredi 20 mars