La Locandiera, pièce de Carlo Goldoni, dans une mise en scène de Marc Paquien réunissant l'illustrissime Dominique Blanc et André Marcon dans un duo/el amoureux des plus savoureux, est un petit délice printanier. Bien sûr, on pourrait s'arrêter sur ses relents classiques tant dans le jeu que dans la mise en scène, mais pourquoi le faire quand la pertinence et le talent sont au rendez-vous ?
Le décor, déjà, est une véritable pause esthétique pour le regard. Le spectateur est invité à admirer une façade ensoleillée. Inamovible, elle sera dépositaire des serments échangés par les personnages. Des hommes, de bonne lignée et surtout amoureux d'une femme, Mirandolina, ne peuvent plus quitter son auberge, séduits par sa féminité et son éloquence. Car la pièce de Goldoni, écrite en 1753, est un pamphlet de modernité qui parvient à interroger notre contemporanéité sur la place de la femme et la question de l'amour asymétrique. Luttes et tumultes des sexes et des classes sociales, se frottant et se mariant les uns aux autres, sont ici dévoilés tantôt avec humour, tantôt avec un zeste de tragédie. De l'amour et de son expression dans l'art de la séduction, voilà ce dont il est question.
Rythmées au gré d'intermèdes musicaux mêlant sensuellement violoncelles et clavecin, les scènes s'enchaînent à l'image des sentiments qui se créent entre Mirandolina et son chevalier. Au demeurant, hermétique et insensible, il succombera jusqu'à goûter à la passion. Ha ! L'amour...
Grégory Bonnefont
La Locandiera
Aux Célestins, du mardi 7 au dimanche 19 mai