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Only God forgives
De Nicolas Winding Refn (Fr-Dan, 1h30) avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas...
Nicolas Winding Refn rate le virage post-Drive avec ce film vaniteux qui ressemble à l’œuvre d’un chef décorateur surdoué cherchant sans y parvenir quelque chose à raconter. Christophe Chabert
Quand on avait découvert Drive, Nicolas Winding Refn n’était plus un inconnu : la trilogie Pusher et le génial Bronson avaient déjà montré l’étendue de son talent et de ses ambitions. Si surprise il y avait, c’était celle d’un cinéaste qui synthétisait dans une forme pop et romantique un creuset d’influences et de codes qu’il arrivait à régénérer.
Avec Only God forgives, Winding Refn tombe dans son propre maniérisme et ce qui hier relevait du plaisir se transforme ici en effort désespéré pour faire autre chose que de l’imagerie pure et simple. L’argument, en soi, n’est pas plus original que celui de Drive : en Thaïlande, deux frères vivotent entre matchs de boxe et trafics de drogue. Le plus âgé, dans un coup de folie, tue une prostituée, avant d’être à son tour massacré par le père éploré, poussé dans son geste par un flic sadique adepte du karaoké. Débarque alors la maman de la fratrie, qui va pousser le frangin survivant à accomplir sa vengeance.
Destockage à Bangkok
Passons sur le sous-texte psychanalytique absolument balourd que Winding Refn place dans les interstices du récit — quoique cela donne la scène la plus réussie du film, avec un numéro particulièrement bouffon de Kristin Scott Thomas. Laissons tomber le folklore de Bangkok comme une jungle de néons pourrie par le vice, tant l’affaire sent le cliché touristique. Il faut surtout souligner l’inflation décorative qui saisit Winding Refn, ce fétichisme du plan composé qui ressemble au délire d’un scénographe remplissant chaque centimètre avec un fatras d’objets en série. Au milieu de cette brocante géante, les acteurs sont réduits à des figures impassibles, à leur tour transformés en bibelots. C’est particulièrement le cas de Ryan Gosling, filmé un coup en bleu, un coup en rouge, un coup en vert, mais toujours avec la même absence d’expression.
Comme un mauvais metteur en scène de théâtre, Winding Refn s’empare de la moindre idée pour la répéter trois ou quatre fois, pensant produire un effet hypnotique mais soulignant surtout la profonde vanité de son projet, qui s’égare en ralentis opératiques et en poses concernées, dégageant un esprit de sérieux proportionnel au vide abyssal de son script. On sent surtout le cinéaste danois écartelé entre son désir de reconnaissance internationale et son envie d’expérimentations radicales. Avant Drive, Valhalla rising souffrait déjà du même mal. Tout n’est peut-être pas perdu, donc…
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