Aux arts, citoyens !

Pour la douzième année consécutive, Villeurbanne offre à ses habitants (et aux autres) quatre jours de festivités en plein air avec Les Invites. Coup de projecteur sur ce festival généreux et chaleureux, le temps d'une rencontre avec Patrice Papelard, son créateur-concepteur. Propos recueillis par Nadja Pobel

Comment Les Invites sont-elles nées ?
Patrice Papelard : A l'initiative de Jean-Paul Bret, quand il a décidé de se présenter à la mairie de Villeurbanne en 2001. Je l’avais connu lorsqu’il était adjoint à la culture, à l’époque des Eclanova, pour lesquels il m’avait recruté. C’était un festival gratuit de 1989 à 1995, avec plus de musique que dans Les Invites mais où j’avais déjà amené les arts de la rue. Avec Les Invites, on voulait proposer au public de nous rencontrer, utiliser des matériaux pour transformer l’espace urbain et, en plus, confier à des associations la restauration. Manger et boire ensemble faisait partie intégrante du projet artistique. C’était très important.
 
S'agissait-il déjà d'un festival dit «pas pareil» ?
On avait déjà inventé ça oui. «Pas pareil» car il était basé sur la gratuité et la participation et parce que dès la première année on a voulu un mélange d’exigence artistique et de convivialité.
 
Les Invites est en ce sens un événement profondément villeurbannais, comme la Fête du livre jeunesse. Vous sentez une cohérence sur le territoire ?
Oui mais il faut avoir de la modestie dans nos ambitions. Je ne suis qu’un accélérateur de particules. L’esprit villeurbannais existait avant moi. Il existera après. Nous sommes des passeurs d’artistes, de créations. C'est ça que je veux mettre en avant. La première année, je me suis retrouvé avec soixante-cinq associations et dix conseils de quartier à l'écoute du projet. C’est fou !
 
Le festival d'aujourd’hui est-il le même que celui que vous aviez imaginé il y a douze ans ?
Il a évolué dans la forme. J’ai relu il y a peu de temps le projet initial et, sur le fond, il n’a pas bougé. La taille du lieu de travail – les Ateliers Frappaz - a changé (de 400 m² à 4500 m²), on a renforcé la création avec l'accueil en résidence de vingt-cinq compagnies par an, il y a moins de musique car les cachets des artistes sont de plus en plus élevés, à cause de l’effondrement des revenus des ventes de disques... Néanmoins, le terreau ne bouge pas, avec quarante-cinq associations qui feront à manger dans les différents lieux, des habitants qui participent à une ou deux créations… Mais on est en train de réfléchir à la suite. Le festival a douze ans, c’est un ado. Il va falloir l’amener à grandir.
 
Un mot sur la programmation de cette année. Vous avez notamment choyé les enfants...
Oui, les enfants s’éclatent le mercredi chez nous. Le centre-ville est rendu piéton, il n’y a pas de risques. Cette année nous avons créé pour eux un univers marin à même la rue, avec un plafond représentant la mer et à travers lequel on voit le bleu du ciel. Il y a un banc de cent-cinquante poissons, une boîte de sardines géantes, un bateau échoué, une carcasse de baleine qui remue la queue et jette de l’eau… On a présenté ça fin mai et on a eu un super retour des adultes. Le but est aussi qu’ils redeviennent des gosses. C’est très festif mais ça a demandé trois mois de boulot avec les habitants, les enfants des écoles, etc.
 
Côté théâtre de rue, on trouve des troupes très connues comme Délices Dada ou KompleXKapharnaüM, mais aussi des éléments plus intrigants, comme ces séniors de la compagnie Adhok qui s’enfuient d’une maison de retraite…
Oui ça a été créé l’an dernier. Cette année, ils tournent beaucoup. C’est un compromis entre le jeu théâtral et les arts de la rue. Tout est parfait. Il y a deux formes. La première est déambulatoire avec des papis et mamies qui quittent leur maison de retraite. Ils sont d’abord affolés mais dès qu’ils prennent possession de la rue, ils ne veulent plus la rendre et se révoltent. L’autre est plus classique et raconte les souvenirs et le quotidien de ces gens. Le texte est magnifique. J’ai vu le spectacle trois fois et il réunit tout le monde : les amoureux du théâtre, ceux qui n’y vont jamais, ceux qui passent par là...
 
La programmation musicale a beau être elle aussi faite avec les moyens du bord, elle propose son lot de stars et de groupes en vogue comme La Femme ou Skip & Die...
Pour la musique, je travaille avec un vieux complice, Guillaume Bourreau, qui défriche très tôt les groupes de l’année. Mais il faut être clair : le festival s’adresse à un très large public et 90% des gens ne savent pas qui est La Femme. On en fait une tête d’affiche, mais ils ne sont pas connus. Peu de gens regardent Le Grand Journal de Canal +, où ils sont passés pendant les JT de TF1 et France 2. Et puis on a un ou deux repères dont on a toujours entendu parler par un biais ou un autre, comme Rachid Taha, qui sera peut-être accompagné de Mick Jones, le guitariste des Clash !
 
Un dernier mot sur les Ateliers Frappaz, dont on connait le nom mais pas forcément la fonction ?
Au commencement, c’est le lieu de travail des Invites. Il s’est ouvert à d’autres missions. C’est un lieu équipé de machines, d’une cour, de bureaux. Nous avons progressivement installé un espace de création en direction des arts de la rue, qui sont assez spécifiques car il faut de la place, de la hauteur... Cette année huit des neuf créations du festival sont passées par les Ateliers. Le lieu est ouvert de 8h à 19h. Bien sûr, on y travaille, mais les gens peuvent passer chercher des informations, s’inscrire et participer…
Les Invites
A Villeurbanne, du mercredi 19 au samedi 22 juin

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