Étoile polaire

Junip

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Après 15 ans d'improductivité chronique, Junip, trio suédois mené de main de maître par Jose Gonzalez, "multiplie" désormais albums (deux en trois ans, wouhou !) et tournées. Et balaie tout sur son passage : à commencer par la notion de genre musical. Une étoile est en train de naître. Stéphane Duchêne

Tout le monde a au moins vu une fois cette publicité qui contribua à faire connaître l'ami José González. Au son de la fameuse reprise que le Suédois d'origine argentine avait fait du Heartbeats de ses compatriotes The Knife, on y voyait des boules multicolores dévaler les rues à fort dénivelé de San Francisco et se répandre dans toute la ville. Et peut-être le monde entier. C'est justement un peu le sentiment que donne la musique de Junip : celui d'une musique – qu'on a peut-être un peu trop rapidement pris pour du folk – qui semble se répandre dans les interstices du monde et les trous noirs de l'univers. En quelques notes, parfois superposées, on passe ainsi, comme sur le dernier album baptisé blanc sur noir Junip, d'un folk psychédélique essoré à un krautrock assoupli par les mélodies. Et puis José González se met parfois à chanter comme Ian Brown, porté par un de ces grooves à la fumée épaisse qu'affectionne depuis toujours le frontman des Stone Roses, en groupe ou en solo : même gestuelle ralentie, mêmes orgues dégingandés, même signes annonciateurs d'une crise aiguë de nonchalance possiblement mortelle – So Clear pourrait figurer sur n'importe quel album du Mancunien.

 

Line of Fire

A ceci près que González est un bien meilleur songwriter et ambianceur (et chanteur, oui) et son sens de l'orchestration, à lui l'ancien folkeux à l'arpège chiche, sans commune mesure (cf. Line of Fire). On survole, ou plutôt on dévale comme ça l'Afrique (on ne collabore pas avec des musiciens comme Tinariwen sans en revenir transformé), la totalité de l'Amérique, des cabanes en rondins du Canada à la Terre de Feu et pas mal d'autres territoires – In Every Direction chantait le groupe sur son premier album. Ceci toujours à vol d'oiseau et en mode furtif, le "pas" léger – Walking Lightly – porté par l'absence de gravité. Comme un astre qui serait parti du cœur battant (Heartbeats) à la sécheresse "drakienne" de son leader, plus la supernova Junip s'étend, plus elle avale de matière musicale sur son passage, restituant une atmosphère dont on jurerait qu'au fil des albums elle va devenir de plus en plus impénétrable et donc de plus en plus intrigante pour tout explorateur qui se respecte.

Junip
A l'Epicerie Moderne, mardi 10 septembre

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