D'Isabelle Czajka (Fr, 1h33) avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier...
Version lénifiante et léthargique d'un épisode de Desperate housewives, La Vie domestique est une sorte de cauchemar qui prendrait l'allure d'une sieste tranquille dans le jardin. Claquemuré dans une banlieue bourgeoise parisienne, le film suit quatre femmes au bord de la crise de nerfs, réduites à un pesant statut d'épouses ou de mères. La plus lucide — Emmanuelle Devos — tente de s'affranchir de ce patriarcat en retrouvant un job et en dispensant des ateliers de littérature à des élèves en difficulté, mais elle finira elle aussi par rentrer résignée dans ses pénates.
Les autres se traînent entre shopping, McDo, dégustation de Nespresso et considérations sur la vie, soit le Grand Chelem du placement produit et de la scène à ne pas faire — on y ajouterait bien ce moment, ahurissant, où le mari de Devos vante les mérites d'Agnès Obel, avec bio Itunes en guise d'argumentaire. Où Isabelle Czajka veut-elle en venir avec ce regard sourdement ricanant sur des personnages confits dans l'aigreur ? Aucune critique sociale ne pointe à l'horizon sinon un vague drame en lointain arrière-plan, noyé dans les détails anodins et les travellings dans le parc avec petite musique triste... Le prototype d'un cinéma creux, anti-spectaculaire, qui ne se mouille pas trop et laisse le spectateur remplir ses vides — ou pas.
Christophe Chabert