Mardi 12 novembre 2019 Pour son deuxième tribute à une figure éteinte mais toujours lumineuse du rock, à paraître le 15 novembre, Teenage Hate Records a fait plancher la scène rock française (et partiellement lyonnaise) sur l'oeuvre abyssalle et atrabilaire d'un pilier du...
Frustration, poil aux gnons
Par Stéphane Duchêne
Publié Mercredi 9 octobre 2013 - 4147 lectures
Frustration + The Future Primitives
Marché Gare
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
«La frustration, nous dit M. Wikipédia, est une réponse émotionnelle à l’opposition». Frustration, le groupe, c’est un peu la même chose. Sauf qu’ici on évite consciencieusement de répondre poliment et que l’opposition en prend plein la gueule. Stéphane Duchêne
Suffisamment téméraire pour assumer le pléonasme ou simplement désireux d’enfoncer le clou – dans l’espoir un peu fou de choper le tétanos – Frustration s’affiche en formation «post-punk revêche». Des fois que l’on puisse penser que le post-punk tout court était du genre à vous apporter le petit déjeuner au lit une rose entre les dents et à ensuite passer le ramasse-miettes sur les draps, regonfler votre oreiller, votre moral en berne et vider le pot de chambre trop plein de la soirée de la veille. A d’autres, les gars !
Issu de la génération qu’on pourrait qualifier de "Noise in France" car présents sur la compilation du même nom, éditée par le bruitiste (et donc bien nommé) magazine New Noise, Frustration donnerait en effet du fil à retordre à un dresseur de pitbulls et même aux clébards eux-mêmes.
C’est qu’il y a de l’authentique racine de mauvaise herbe chez ce quintet parisien, engrainé à la frustration d’une époque qui donne salement envie d’être Uncivilized, du titre de leur énervant – au sens salvateur du terme – dernier album. Sur leur précédent, Relax (aucun lien), faisant suite à Full of Sorrow – la bipolarité guette – ils bramaient en guise d’introduction : «We have some frustration, you have some frustration, we are Frustration». Voilà qui est dit.
Les Jours heureux
Contrarié comme il l’est, pas étonnant donc que le groupe se nourrisse aux mamelles de grands-frères historiquement atrabilaires, à la mauvaiseté sans frontière. Côté français, de Bästard à Métal Urbain/Asphalt Jungle.
Et surtout, côté briton, de The Fall à Wire en passant par Suicide (pour les zinzins électro) mêlé de Joy Division, la voix de Fabrice Gilbert – non, tout le monde ne peut pas s’appeler "Jeannot le pourri" – baguenaudant gaiement entre le timbre mort-vivant de Mark E. Smith et celui de caveau mortuaire du Ian Curtis primordial, celui de Warsaw.
Pas vraiment typé "Les Jours heureux", le programme, donc. La crise, les emmerdes, les illusions non perdues parce qu’on n’a pas eu la force de les avoir, une nostalgie par défaut née d’un présent déglingué, Frustration combine tout en un nom dont la musique est l’antidote absolu, malgré tout jubilatoire.
Frustration [+ The Future Primitives]
Au Marché Gare, vendredi 18 octobre
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mercredi 31 octobre 2018 « We live in excess » clame Frustration sur son troisième album (Empires of Shame, sorti en 2016) dans une atmosphère de lendemain de fête (...)
Mardi 21 août 2018 La dernière d'un festival qu'on adore, le Freakshow, de la sono mondiale aux Chartreux et une adresse à cocher de suite pour les amoureux de cocktails : c'est notre sélection de la semaine.
Mardi 2 mai 2017 Quand on lui parle de la tournée anniversaire qui vient couronner la belle décennie musicale du label Born Bad, JB Guillot avoue qu'il se serait bien passé (...)
Jeudi 19 septembre 2013 Du freak, du fou, de la créature cramée, de l’inclassable, de l’incassable, du fragile, du fracassé, du fracassant, du marginal, du réfractaire, du réfracté, du revenant, du rêveur, du malade, du rageux, cet automne musical va en faire pleuvoir de...