Ólafur Arnalds, le Transperceneige

Ólafur Arnalds + Joe Bel

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Album hivernal et cotonneux, "For Now I Am Winter" marque sans doute un tournant décisif dans la carrière de l’Islandais Ólafur Arnalds, celui de la fonte des congères esthétiques et de l’entrée dans l’âge pop d’un compositeur hors-normes. Stéphane Duchêne

For Now I Am Winter, annonce en guise de titre de son troisième album Ólafur Arnalds. «Pour l’instant, je suis l’hiver», constat d’un atavisme islandais auquel on n’aurait soi-même osé s’attendre, de peur de sombrer dans le cliché. Mais c’est ainsi : froid et mélancolique de prime abord, l’univers de ce pianiste boréal (trois albums, cinq EP, quatre BO en six ans) n'est pas sans rappeler les plages désolées, figées et en cinémascope de Jóhann Jóhannsson et de l’Allemand Max Richter (Words of Amber, Hands, Be Still).


Néanmoins, ce qu’il faut retenir de ce titre, c’est ce «pour l’instant», gage de changement à venir. Comme souvent dans ce genre de tambouille islandaise, le soufre n’est jamais loin de bouillonner sous les paysages hivernaux : que ce soit en de soudaines accélérations de pulsations électroniques à l’écho étouffé par la neige ou parce que ladite neige est balayée par le souffle de cordes particulièrement ventées de l’orchestre national d’Islande (Only the Winds, à pleurer). Quel meilleur exemple de ce tournant que le bouleversant Reclaim, dont la chevauchée de violons et de beats semble filer à toute allure comme un train fantôme dans le paysage épique tracé par des cuivres lointains ?

Soleil d’hiver

C’est sans doute ce transport – à entendre à tous les sens du terme – qui métamorphose ainsi la géographie du pays Arnalds : le mélange d’ambient, de minimalisme classico-contemporain (comment ne pas évoquer le maître Philip Glass ?) et de post-rock spectral est en train de muer en papillon indie pop. Pour la première fois, sur quatre morceaux, le chant trouve ici sa place par la grâce du timbre velouté d’Arnór Dan Arnarson, mi-Antony Hegarty, mi-Thomas Dybdahl.

A égalité avec les arrangements sublimes et subliminaux de Nico Muhly – déjà complice du très perché Valgeir Sigurðsson sur son Architecture of Loss, avec lequel Arnalds partage ce goût du silence introductif – à l’œuvre sur le titre Carry Me Anew – Dan contribue à briser la glace et à fendre la neige arnaldsienne. Certes, «pour l’instant», c’est toujours l’hiver mais au loin, un point à l’horizon, quelque chose comme le soleil, est destiné à réchauffer l’atmosphère. Quoi de plus beau que le soleil se reflétant sur la neige, si ce n’est la perspective du soleil se reflétant sur la neige ? C’est ce que semble nous dire ici Ólafur Arnalds. Comme s'il nous fallait attendre la suite.

 

Ólafur Arnalds [+ Joe Bel]
A l’Epicerie Moderne, mercredi 13 novembre

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