2013, l'odyssée de la pop

Winter camp

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Génie divin, Alex Monneau alias Orval Carlos Sibelius, a frappé un très grand coup cette année avec le protéiforme "Super Forma", immense chaudron musical capable de voler dans lequel tous les ingrédients possibles se mélangent pour former la pierre philosophale pop de 2013. Stéphane Duchêne

«Une symphonie adolescente adressée à Dieu» disait le Beach Boy en chef Brian Wilson à propos de Pet Sounds. Il y a quelque chose de cela dans le Super Forma d'Orval Carlos Sibelius. A ceci près qu'il faut lui amputer le terme adolescent et constater qu'il tient davantage de la folie multiforme de Smile, l'album longtemps inachevé de Wilson. En quête de la pierre philosophale pop, Super Forma bâtit à la fois la symphonie et la cathédrale – à ciel ouvert – dans laquelle la jouer. Mieux, on jurerait que l'album a été choisi par quelque autorité spatiale pour faire parvenir à nos lointains voisins de l'espace la quintessence de la musique terrienne.

Car, oui, on trouve de tout chez Sibelius, connecté comme les Na'vi d'Avatar au sel de la terre musicale : folk (plusieurs fois) Centenaire (du nom du groupe qui le fit un peu connaître) ; psychédélisme forcément débridé ; shoegazing (Good Remake) ; choeurs plagistes et séraphins ; surf music (Asteroïds) : tropicalisme brésilien (un peu partout) et, quand Orval lâche la bride : embardées prog à la Kevin Ayers et détours world, souvent les deux à la fois comme sur Spinning Round, où rôdent également les fantômes de John Lennon et de... My Bloody Valentine.

Tératologie 

 

C'est que par moment, entre deux morceaux d'évidence pop qui ne vous lâchent plus la couenne, Sibelius part en torche et se laisse aller à des voyages qui le portent de voûte céleste psyché en orages cosmiques de drones (Archipel Celesta, définitivement "Lost in Space"), quand ce n'est pas carrément en territoire mystique, comme sur Cafuron et son ambiance d'orgues à la Kenneth Anger.

 

Le plus étonnant étant que la créature de Frankenstein Sibelius n'arbore aucune couture apparente – un prodige tant la météo est changeante au sein d'un même morceau –, ni ne déclenche un sentiment d'effroi face à ce qui est un monument de tératologie musicale.

 

Tout y semble en parfaite harmonie, comme si l'auteur-compositeur, qui n'en est pas à son coup d'essai, était parvenu à créer un écosystème extra-terrestre. Comme s'il s'était caché clandestinement dans sa sonde musicale partie pour l'espace et y avait trouvé une terre hospitalière, peut-être un monolithe noir, ou, qui sait, un genre de Paradis, dont il aurait fait son chez lui. Comme un étranger en pays étrange.

 

Orval Carlos Sibelius [+ Jay Jay Johanson]
A l'Epicerie Moderne, dans le cadre du Winter Camp Festival, mardi 10 décembre

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