Nul besoin de s'exercer à la photographie en Patagonie ou de s'essayer à l'équitation en Laponie (entre autres "bons plans" formulés par les professionnels du tourisme) pour passer un réveillon insolite. Il suffit de franchir le seuil de l'un des nombreux café-théâtres de la ville.Benjamin Mialot
Une fois n'est pas coutume, le café-théâtre se taille la part du lion en matière de comptes à rebours festifs. Rien que dans le réseau dirigé par Stéphane Casez, ce sont pas moins de seize spectacles qui s'enchaîneront du milieu d'après-midi aux derniers coups de minuit. Dans le lot, pas mal de comédies un peu lourdingues, de celles qu'on promeut au Festival d'Avignon au volant d'une rosalie, mais aussi de belles occasions de (re)découvrir certains de nos coups de cœur.
A la Comédie-Odéon par exemple, si vous n'avez toujours pas cédé à notre prosélytisme pro-Jocelyn Flippo, vous aurez la chance de le faire face à ce qui est pour l'instant son chef-d'œuvre, la désarmante romcom sur fond de crise d'identité sexuelle Loving Out. Le Rideau Rouge, lui, se lèvera notamment sur Les Loose Brothers, énergique et doux-amer "two-men-show" dans lequel Aurélien Portehaut et Yann Guillarme composent un savoureux duo d'artistes ratés jouant le tout pour le tout. Yann Guillarme qui sera également à l'affiche du Boui-Boui (aux côtés de Karim Duval, dont nous n'avons toujours pas pu réévaluer le très narratif Melting Pot mais dont des sources sûres ne cessent de nous vanter les progrès) pour la toute dernière représentation de Merci Jean-François, le solo qui l'a révélé et auquel il donnera suite dans la même salle à partir du 7 janvier.
Ailleurs, c'est pas nul non plus
Les autres lieux dédiés à l'humour ne sont évidemment pas en reste - pas plus que la Bourse du Travail, où se produiront les provocateurs Yann Stotz et Cécile Giroud. Au Complexe du Rire, outre la comédie maison Maintenant ou jamais ! (que nous n'avons pas vue, mais que nous vous conseillons par principe), deux spectacles méritent qu'on se prive d'une cuite aux chandelles : le nouveau one-woman-show de Céline Ianucci (aussi connue sous la périphrase de «l'ex-complice de Florence Foresti») et Smart faune, un des chocs de cultures, ici entre une sans-abri et un publicitaire friqué, dont le stakhanoviste Jacques Chambon a le secret – les sceptiques pourront aussi le vérifier à la Maison de Guignol, où son irrésistible air hébété sera à l'affiche avec Troubles de l'élection.
Du côté du Repaire de la comédie, on ira voir ce que devient le volubile Victor Rossi, animateur radio dont la reconversion en machine à vannes nous avait paru pour le moins prometteuse. Enfin, à L'Espace Gerson, c'est le caméléon vocal Jibé, dauphin officieux du tremplin qui ouvrait le festival organisé par la salle à l'automne dernier, qui assurera la transition en douleur (costale et maxillaire) entre 2013 et 2014.