Fosse laisse sceptique

Violet

Théâtre de l'Élysée

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Comme souvent chez l'écrivain norvégien Jon Fosse, il ne se passe rien dans le court texte Violet (publié en France en 2005 avec Rêve d'automne). Un groupe de jeunes musiciens s'apprête à répéter, mais la présence d'une fille crée le trouble. On ne sait pas vraiment si elle est avec l'un d'eux, si un autre la convoite. Ils ne se disent que des banalités. Tout étant propret, malgré la description d'une cave un peu crade, on pourrait se croire dans le garage de José, Sébastien, Nicolas & co., les fameux garçons des années phares d'AB Productions. D'ailleurs, comme eux, ils ne savent pas jouer de quoi que soit et l'affirment à l'envi.

Le jeune metteur en scène Mathieu Gérin, assistant de Claudia Stavisky sur plusieurs de ses récents spectacles, a toutefois su trouver une direction d'acteurs sensible dans ce texte éminemment casse-gueule. Annabelle Hettmann par exemple, pieds en dedans, genoux tournés vers l'intérieur, mine boudeuse et tête basse, se glisse avec finesse dans ce personnage fade. Mais l'ensemble, minimaliste, pêche paradoxalement par manque de simplicité, notamment à cause dudit décor, presque bling bling, qui laisse le spectateur de côté d'entrée de jeu, les comédiens semblant évoluer dans une cage de verre, trop belle pour correspondre aux mots de l'auteur, trop hermétique pour y insuffler de la vie.

Le travail sur le son (en sourdine par moments, exagérément fort à d'autres), intéressant mais qui aurait gagné à être poussé plus loin, ne permet pas de rattraper une pièce qui avait pourtant, dans les murs un peu branlants de l'Elysée, un cadre idéal. Reste aussi cette question centrale et gênante : Jon Fosse avait-il vraiment quelque chose à nous dire ?

Nadja Pobel

Violet
Au Théâtre de l'Elysée, jusqu'au vendredi 20 décembre

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