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Philomena

Philomena
De Stephen Frears (Angl-Fr-ÉU, 1h38) avec Steve Coogan, Judi Dench...

Réalisé par Stephen Frears, mais écrit, produit et interprété par un Steve Coogan excellent, ce buddy movie mélodramatique slalome avec talent entre les écueils de son sujet pour construire une œuvre humaniste, souvent drôle mais surtout d’une réelle tristesse. Christophe Chabert

Dans la production inégale et prolifique de Stephen Frears, Philomena figure parmi ses plus évidentes réussites. Le mérite en revient autant au cinéaste anglais, qui sait tenir sa mise en scène, invisible, pudique et d’un classicisme payant, à la bonne distance de son sujet, qu’à Steve Coogan. L’acteur en est aussi co-scénariste et producteur et il fait corps avec son personnage, Martin Sixsmith, journaliste devenu conseiller de Tony Blair avant de se faire éjecter du 10 Downing Street pour cause de mail douteux.

Obligé de reprendre ses activités d’écrivain, il est approché par une serveuse dans un cocktail qui lui parle du cas de sa mère, Philomena — Judi Dench, dont il est presque superflu de dire qu’elle est formidable. Élevée dans un pensionnat catholique en Irlande, son premier fils lui a été enlevé par les nonnes qui dirigeaient l’établissement puis adopté par une riche famille américaine. Cinquante ans après, elle ne pense qu’à le retrouver. D’abord réticent, Sixsmith finit par se lancer avec Philomena à la recherche de l’enfant perdu…

Philanthropie

Le film, tiré d’une histoire vraie, brasse ainsi un certain nombre de sujets polémiques, à commencer par les injustices commises par l’Eglise, dissimulées derrière une forme de châtiment infligé aux "pécheresses". C’était déjà l’angle choisi par Peter Mullan dans Magdalena sisters — auquel Philomena fait ironiquement référence pour mieux l’évacuer — mais Frears et Coogan ont d’autres pistes à suivre que celui du film-dossier. D’abord à travers le buddy movie qui se développe entre Sixsmith et Philomena, entre le bourgeois éduqué et condescendant et la vieille dame nourrie aux feuilletons populaires et pétrie de culpabilité. Très bien écrite — comme le reste du film — cette comédie des contraires ne cesse de se renverser, poussant le spectateur à s’identifier tantôt à l’un, tantôt à l’autre, avant de reconnaître que c’est bien l’alliance des deux qui leur permet de surmonter les obstacles de leur enquête.

Cet humanisme-là fait aussi la force du mélodrame qui occupe la dernière partie, où les révélations du scénario comptent autant que la manière dont les personnages y réagissent, souvent à rebours des sentiments attendus, jusqu’au climax final où le pardon et la colère deviennent deux options recevables, deux visions du monde conciliables car tendues vers un seul objectif : célébrer la mémoire, intime ou collective, des victimes oubliées des tragédies contemporaines.

Philomena
De Stephen Frears (Ang-Fr-ÉU, 1h38) avec Steve Coogan, Judi Dench…

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