Depuis la fin des années 2000, les pièces de Hofesh Shechter se répandent comme des traînées de poudre sur les scènes internationales, déclenchant l'enthousiasme de la critique comme du public. Pourquoi un tel succès ? Selon nous, parce que le chorégraphe israélo-britannique allie tout à la fois dans ses pièces, en une parfaite symbiose entre danse et son (et aussi paradoxal que cela puisse paraître) un univers plastique très contemporain voire urbain, la force pulsionnelle des danses tribales et les envolées lyriques collectives propres au ballet classique. Soit, concrètement, des musiques rock (qu'il compose d'ailleurs lui-meme) jouées fortissimo et aux rythmes hypnotiques, des éclairages très pensés, des gestes saccadés et souvent rageurs, une dominance des mouvements de groupe...
Shechter a signé jusqu'ici des pièces sombres, comme Uprising/In your rooms et Political mother, montré pour la première fois en France à la Biennale de la danse 2010. Sun, créé l'an passé et présenté cette semaine à la Maison de la danse, se veut, selon les propres mots du chorégraphe : «quelque chose de léger, voire de drôle, qui soit porteur d'une énergie positive, d'une certaine forme de beauté». Mais, rattrapé par ses démons, Sun est surtout une sorte de chaos permanent où la lumière se confronte à l'obscurité et à des atmosphères inquiétantes.
Jean-Emmanuel Denave
Sun
A la Maison de la danse, du vendredi 17 au mardi 21 janvier