Pulsions de vie

Julie Legrand

Fondation Bullukian

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

La Fondation Bullukian nous propose de découvrir le travail de Julie Legrand. Un univers fait de verre soufflé et de fils de couleurs où les formes ne cessent de se transformer, de passer de l'une à l'autre, de l'une à travers l'autre. Jean-Emmanuel Denave

«J'aime bien ces choses qui semblent continuer à exister en traversant des obstacles, nous dit Julie Legrand. Ce qui passe et continue malgré tout ce qui peut être pesant ou empêchant». Dans sa sculpture Grandir, c'est par exemple du verre soufflé qui semble sourdre ou percer d'une pierre ; dans son Assemblée de colonnes baroques en verre, ce sont des motifs qui se répondent sur les lignes verticales et qui, parfois, éclatent en déflagrations.

Il y a chez Julie Legrand ce qui pousse et il y a ce qui fuse, toute une vie de formes et de matériaux qui prolifère. Sur deux grandes plaques de cuivre, l'artiste a par exemple tracé au burin comme un pubis d'où s'effilochent des copeaux broussailleux. L'érotisme est ici un principe de création, faisant se rencontrer ce qui pénètre et ce qui est pénétré, ce qui est dur et ce qui est mou, ce qui est dense et ce qui est plus fibreux ou clairsemé. Ces rencontres sexuées des contraires, ces hybrides en continuel devenir évoquent l'univers des films de David Cronenberg ou, plus anciennement, la formule de Georges Bataille : «De l'érotisme, il est possible de dire qu'il est l'approbation de la vie jusque dans la mort».

Comment ça tient, à quoi ça tient ?

Quand un corps se dissout dans la métamorphose, quand il perd ses limites en en rencontrant un autre (la relation érotique selon Bataille), il "meurt", perd son individualité, sa forme, se décompose pour se recomposer ailleurs, autrement. Le devenir des choses, si souvent exploré dans les œuvres de Julie Legrand, s'avère au fond aussi fascinant qu'effrayant. Et pose alors une importante question adjacente : comment une forme tient-elle, comment un corps prend-il consistance, comment un individu quelconque peut-il conserver, ne serait-ce qu'un temps (celui de sa vie), ses limites et une certaine intériorité ? Comment (pour reprendre le titre de l'exposition, où l'on peut lire encore une conjonction des sexes, un érotisme) les atomes convergent-ils ?

Sur un grand sarcophage composé de miroirs (résurgence du cube glacé des minimalistes américains), Julie Legrand a fait débobiner et s'entasser toutes sortes de fils à coudre, donnant un corps de paysage vallonné à ce qui est, ou presque, inconsistant ; insufflant couleurs et vie à ce qui ne tient, littéralement, qu'à un fil. Avec cette œuvre, Rose, gisant, elle montre la frontière fugace et émouvante entre un être et un autre, une vie et la mort.

Julie Legrand, La Convergence des atomes
A la Fondation Bullukian, jusqu'au samedi 15 mars

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