L'oeil du Tigran

Tigran Hamasyan - shadow theater

Auditorium de Lyon

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

En clôture de Saint-Fons Jazz et en co-production avec Jazz à Vienne, l’Auditorium accueille Tigran Hamasyan et son Shadow Theater. L’occasion d’assister à l’impressionnante métamorphose d’un jeune prodige jazz en créature pop ubiquiste, dotée d’une vision panoramique de son art. Stéphane Duchêne

En une poignée d’années et quelques albums, Tigran Hamasyan s’est posé en figure incontournable et indispensable du paysage musical. On devrait dire du jazz puisque c’est de là qu’il vient, mais ce serait par trop réducteur. Car dès le départ, tous ceux qui ont croisé sa route ou ses disques ont supposé que le jeune Arménien allait vite déborder du cadre (on le découvrira ainsi prochainement à l’œuvre sur le deuxième album de la pépite pop Cascadeur), arracher le costume d’interprète virtuose et d’improvisateur génial, trop étroit pour un tel talent. Un talent qui en sus vient du punk et ne l’a jamais vraiment quitté. Pas plus qu’il ne se défait de la marque culturelle de son pays.

Matière volatile

Son Shadow Theater est bien, comme son nom l’indique un théâtre d’ombres – discipline qui plus est partie prenante de la culture arménienne – éclairant l’évolution esthétique permanente du musicien. Un théâtre où viennent s’agiter dans un époustouflant jeu de cache-cache le folklore arménien, enseigné par son mentor Vahagn Hayrapetyan ; l’épouvantail rock, musique du père ; le vieux spectre jazz, découvert grâce à son oncle ; la "freakerie" électro ; les feux-follets choraux ; quelques anges baroques (le bien nommé Holy) et apparitions pop aussi, qui vont jusqu’à rappeler des compositeurs comme Sufjan Stevens – Erishta, The Court Jester et Road Song. Ce voyage en Arménie là fait le grand tour, d’un continent à l’autre, téléscopant explorations avant-gardistes du XXIe siècle et folklores ancestraux, machines et clavecin – sur son album solo A Fable il se penchait déjà sur le conte médiéval.

Tigran appartient bien à cette jeune génération de compositeurs – dont Nico Muhly, dans un tout autre genre, fait partie – qui mieux que ses aînés a su transformer le marbre de l’enseignement académique et de la tradition – quels qu'ils soient – en matière volatile et mouvante, modelant, à force d’expérimentations, des œuvres bien trop vastes pour rentrer dans de quelconques cases, bien trop protéiformes pour ne pas être insaisissables, bien trop curieuses pour ne pas prendre la tangente quand on les croient installées.

Tigran Hamasyan Shadow Theater
A l’Auditorium Maurice Ravel, vendredi 31 janvier
Rencontre à l'Iris de Francheville jeudi 30 janvier

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