Jonathan Coe, le patient anglais

Jonathan Coe

Institution des Chartreux

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Jonathan Coe, l'auteur culte de "Testament à l'Anglaise", vient présenter à l'initiative de la Villa-Gillet "Expo 58". Où, en marge d'une plongée très documentée dans l'Exposition universelle de Bruxelles, l'auteur se livre à un savoureux pastiche de roman d'espionnage qui continue de questionner la destinée, la modernité et bien sûr l'anglicité. Stéphane Duchêne.

Dans La Pluie avant qu'elle tombe, Jonathan Coe écrivait : «Peut-être que l'ordre naturel des choses, c'est le chaos et l'aléatoire». Au fond, on pourrait dire que Coe n'écrit que là-dessus, à défaut d'écrire toujours le même livre : la manière dont le chaos s'empare des vies ordinaires pour leur ménager un destin qui les dépasse et qui a tout de la quête. Et l'auteur de se régaler en plus de la part d'absurde – de nonsense – générée par les péripéties de personnages qui sont autant d'incarnations de l'Angleterre, son identité, son histoire, sa place dans le monde, ses tiraillements. Dans Expo 58, cette Angleterre est déchirée entre son attachement à la tradition constitutive, croit-elle, de son identité et son aspiration logique mais néanmoins circonspecte - «ce fichu rejet britannique de tout ce qui est nouveau, moderne, tout ce qui sent les idées plutôt que la platitude éculée des faits» – à la modernité.

Progrès infini


Ici, l'Angleterre, c'est Thomas Foley, rédacteur au Bureau Central d'Information du royaume, parachuté à l'Exposition universelle de 1958 à Bruxelles pour superviser un pub construit en marge du pavillon grand-breton afin de promouvoir une identité britannique déjà branlante. Et voilà ce petit fonctionnaire banlieusard, époux déjà lassé et fraîchement père, happé par les charmes de ce modèle réduit du monde où l'Atomium fait scintiller – tel un miroir aux alouettes – l'illusion du progrès infini. Par ses dangers aussi, puisque Thomas, "cobaye" d'une expérience qui le dépasse, devra rapidement éprouver sa fidélité : à sa femme, mise à mal par les charmes de l'hôtesse Anneke, mais aussi à son pays, l'endroit se révélant être un vrai nid d'espions (on n'en dit pas plus).


Le parallèle n'est pas anodin, les dilemmes de Thomas – que faire d'une petite vie bien domestique et recluse (au fond : "insulaire") quand le monde et l'aventure vous tendent les bras ? Jusqu'à quel point faut-il larguer les amarres du passé pour choisir son avenir ? – doublant ceux de l'Angleterre : qu'est-ce que l'identité britannique et comment la résumer autrement qu'à travers une série de contradictions ? Cinquante-six ans plus tard, pour l'Angleterre comme pour n'importe quel Thomas Foley, ces questions restent en suspens. Quant à l'Atomium, symbole du progrès infini, il a dû être fermé pendant deux ans de 2004 à 2006 parce qu'il tombait en ruine. Malgré les tentatives du progrès pour le mettre au pas, le chaos règne toujours.

 

Jonathan Coe
A l'Institution des Chartreux, jeudi 13 février à 19h30
Expo 58 (Gallimard)



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