L'air de rien, les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain du Zola fêtent cette année leur trentième édition. Une endurance remarquable qui ne s'accompagne d'aucun signe visible d'embourgeoisement. Au contraire : le festival affiche une santé insolente qui se traduit par une moisson de films très excitants. Ne reparlons pas de ceux que l'on a déjà défendus ici (Les Bruits de Recife, Gloria, Rêves d'or et Les Sorcières de Zugarramurdi, même si ce n'est pas le meilleur De La Iglesia) ; attardons-nous plutôt sur quelques inédits fort alléchants, comme cette jolie brochette espagnole qui réunit Martin Manuel Cuenca et son Cannibal, avec son tailleur assassin et amoureux, Enrique Urbizu et son thriller multiprimé aux Goyas, No habra paz para los malvados ou encore le film de montage Con la pata quebrada, qui dresse une vision kaléidoscopique de la femme à travers le cinéma espagnol.
Ça bouge du côté de l'Amérique du Sud : tandis que le Mexique s'enferre dans des ruminations misanthropes — le douteux Heli d'Amat Escalante, nouveau lauréat du Prix de la mise en scène cannois à un film mexicain cracra et arrogant après Reygadas l'an dernier — le Chili monte en puissance : sept films représenteront le pays aux Reflets, avec notamment deux fictions revenant sur les années Pinochet (Carne de perro et El Tio), le beau L'Été des poissons volants de Marcella Saïd et un film de vengeance, Matar a un hombre, récompensé au dernier festival de Sundance.
Enfin, grande première pour le festival, la séance de clôture présentera un film d'animation brésilien, Rio 2096, qui a glané le Grand Prix au dernier festival d'Annecy. Sans oublier, anniversaire oblige, une fiesta grande au Transbordeur le samedi 29 mars, dont l'ambiance s'annonce passablement loca...
Christophe Chabert
Reflets du cinéma ibérique et latino-américain
Au Zola, du 19 mars au 2 avril