Après une édition 2013 dominée par un fort contingent franco-américain, les sélections du festival de Cannes 2014 sont beaucoup plus ouvertes sur les cinémas du monde, avec (déjà) des favoris et quelques outsiders que l'on va suivre de près.Christophe Chabert
Cannes s'ouvre ce mercredi avec la présentation de Grace de Monaco dans la version voulue par Olivier Dahan, avec Nicole Kidman dans le rôle de la star princesse. Un biopic de prestige qui sort simultanément dans les salles françaises et qui ne devrait pas faire trop d'ombre à une sélection éclectique où voisinent cinéastes admirés — Cronenberg, les Dardenne, dont le Deux jours, une nuit est une merveille, Ken Loach dans la veine historique qui lui a permis de remporter la Palme avec Le Vent se lève — et d'autres dont on a beaucoup discuté la valeur des derniers films.
Ainsi, la sélection française aligne Sils maria d'Olivier Assayas, The Search de Michel Hazanavicius et le Saint Laurent de Bertrand Bonello. Pas franchement fans ni de l'œuvre d'Assayas (Carlos excepté), ni de The Artist, ni du cinéma arty de Bonello (lui a au moins l'avantage de passer après la purge qu'était le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, et devrait fatalement faire mieux), on se met modestement dans la posture du wait and see vis-à-vis de cette délégation hexagonale. À laquelle il faut ajouter les présences hors compétition de Tony Gatlif (Geronimo) et André Téchiné (L'Homme qu'on aimait trop), de Mathieu Amalric (La Chambre bleue, lire ci-contre) et Pascale Ferran (avec son décevant Bird people) à Un certain regard ou encore, à la Quinzaine des réalisateurs, de Céline Sciamma (Bandes de filles) et de Jean-Charles Hue (Mange tes morts, son nouveau film autour du monde des gitans après La BM du Seigneur).
En attendant Godard
Le reste de la compétition se présente en panorama du cinéma mondial, du Québec (Xavier Dolan, qui arrive dans la cour des grands avec Mommy) à l'Afrique (Timbuktu d'Abderrahmane Sissako, auteur du génial Bamako), de la Russie (Andrei Zvyagintsev et Leviathan, un film politique que l'on annonce splendide) à la Turquie (Bilge Ceylan et les 3h16 de Sommeil d'hiver), du Japon (la pas très funky Naomi Kawase avec Still the water) à l'Argentine (l'outsider Relatos salvajes, premier film de Damian Szifron), de l'Italie (Le Meraviglie d'Alice Rohrwacher, son deuxième long après l'énervant Corpo celeste) à l'Angleterre (Mike Leigh et son portrait de Turner).
Mais la divine surprise de cette sélection, c'est la présence de Jean-Luc Godard et son Adieu au langage en 3D. Le très beau Film Socialisme avait relancé l'intérêt pour le cinéaste après quelques films plutôt oubliables ; son retour en compétition est sans doute le signe que ce renouveau — tardif — se confirme.