Il y a, dans La Course en tête, le documentaire expérimental que consacra en 1974 Joël Santoni à Eddy Merckx (et qui fut projeté début mars en ouverture des rencontres Sport, cinéma et littérature de l'Institut Lumière), ces images bercées de cantilènes funèbres, invraisemblables et bouleversantes, de coureurs livides et épuisés qui chutent et ne se relèvent pas, ou alors pour s'effondrer en pleurs dans les bras de spectateurs. Une immersion dans le Off du Festival d'Avignon provoque le même genre de malaise mêlé d'admiration, notamment vis-à-vis des méthodes de promotion dont usent les protagonistes de cette foire d'empoigne où le comédien est un homme-sandwich comme les autres.
Celle du magnat en devenir Jocelyn Flipo est pour le moins futée : il a cette année décidé de mettre ses poulains en scène dans un même spectacle, à la fois pot-pourri de leurs très bons one-man-shows respectifs – le décomplexé et néanmoins introspectif Alex Ramirès est un grand garçon (retitré Alex Ramirès fait sa crise), les hénaurmes On n'est pas à l'abri d'un succès de Yann Guillarme et G., parfait et modeste de Gérémy Crédeville, l'étonnant Copperfield, Harry Potter et moi de François Martinez, l'oecuménique Melting Pot de Karim Duval – prétexte à des collaborations inédites et rampe de lancement pour Mathieu Coniglio (le psychopathe mal fini de Couic) et Thaïs Vauquières (la glandeuse esseulée de Ventes privées), qui saisiront l'occasion pour tester leurs premiers sketchs. Cette espèce de cinq-à-sept-en-un est en rodage à Lyon tout le mois de juin et c'est une offre qui ne se refuse pas.
Benjamin Mialot
Les Comics
Au Boui Boui, du mardi 3 au samedi 28 juin