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Palo Alto

Palo Alto
De Gia Coppola (ÉU, 1h40) avec James Franco, Emma Roberts...

Dans la famille Coppola, je demande la petite-fille, Gia, qui s’inscrit dans la lignée de Sofia en regardant l’ennui d’une poignée d’adolescents californiens friqués et à la dérive. Ça pourrait être agaçant, c’est étrangement séduisant et troublant. Christophe Chabert

Peut-on imaginer projet plus hype que ce premier film de Gia Coppola, petite-fille de Francis et nièce de Sofia et Roman, adapté des nouvelles autobiographiques écrites par James Franco, ici en professeur d’éducation physique qui prend son métier au pied de la lettre, au lycée comme en dehors ? Palo Alto traîne ce côté branché et chic jusque dans la matière de ses images, nimbées d’une légère brume à la mélancolie très arty — le chef opérateur s’appelle Autumn Duram et ça mériterait d’appeler Jacques Lacan — ne lésinant ni sur les ralentis, ni sur la pop et l’ambient.

Gia reconduit ainsi en mode mineur le grand thème de Sofia : le spleen adolescent né d’une rumination existentielle teintée d’ennui. On ne sait pas pourquoi April et Teddy, pourtant attirés l’un vers l’autre, se ratent et préfèrent se perdre dans des aventures sans issue, l’une avec son prof de sport donc, l’autre avec l’alcool et la drogue. Il y a bien chez April une famille manifestement à l’ouest — notamment un beau-père vraiment largué, incarné par un Val Kilmer poursuivant le numéro d’autodérision entamé dans Twixt — et chez Teddy, une sorte de désert affectif et quelques mauvaises fréquentations— son pote Fred étant encore plus déjanté que lui. Mais Gia Coppola semble suggérer que leur ennui a des racines plus profondes que ces circonstances-là, quelque chose qui serait inscrit dans l’ADN de Palo Alto, banlieue californienne cossue de la Silicon Valley.

Papier glacé, papier brûlé

Le bel écrin stylisé de la mise en scène se referme comme un piège sur les personnages, faisant d’eux le produit d’un environnement aseptisé et intenable qui les condamnerait à la déprime et à la défonce. Le film, d’abord agaçant, finit par tirer de son habillage en papier glacé une force subversive qui doit beaucoup à la manière dont Gia Coppola érotise les corps de ses adolescents. Loin du puritanisme embarrassant de certains teen movies, Paolo Alto se rapproche d’un Larry Clark, en regardant avec beaucoup de crudité cette sexualité brutale et maladroite, qui relève autant du désir que de la haine de soi.

Un paradoxe que l’on retrouve dans une des plus belles rimes du film : après avoir gravé sur le tronc d’un arbre un moment de complicité et de plénitude, Fred et Teddy reviennent pour le couper, effaçant la beauté du souvenir pour un bref instant de déconne imbibée. Destruction et autodestruction : dans Palo Alto, l’adolescence se consume en gerbes fascinantes et hypnotiques.

Palo Alto
De Gia Coppola (ÉU, 1h35) avec Emma Roberts, Jack Kilmer, James Franco…

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