Ronan Siri a des airs d'adolescent mais une voix qui fait largement plus que son âge. A vingt-quatre ans, le jeune Lyonnais a déjà pas mal de bouteille. Ce qui ne l'empêche pas, au prétexte que vous l'avez interviewé une fois à ses débuts, de vous envoyer de temps en temps l'une de ses nouvelles chansons pour avis, ou de quémander quelques conseils d'écoute pour étoffer ses références.
Découvert par Benjamin Biolay, qui l'a immédiatement invité à ouvrir pour lui lors d'un concert caladois en 2011, Ronan Siri a fait parler de lui avant même d'avoir enregistré le moindre disque. Ce qu'il a fini par faire avec très bel EP To Be Twin Sides, un coup d'essai qui, pour les amateurs de folk léché façon Ray LaMontagne/Vandaveer, est un petit coup de maître en matière de songwriting.
Il faut dire que Ronan a de beaux gênes, folk – une partie de sa famille vit dans le Kentucky – ou pas – sa sœur Maly est une brillante illustratrice spécialisée dans la pin-up, telle l'égérie du parfum de Vivienne Westwood Naughty Alice, et à qui l'on doit aussi les pochettes de disques du petit frère. C'est d'ailleurs en tombant sur une vidéo familiale datant de 1991 que naît sa vocation : Ronan a un an et trône dans les bras de son grand-père tandis que son père et son oncle jouent Country Roads de John Denver. Emu, il s'empare de la guitare paternelle pour ne plus la lâcher. Il a alors seize ans.
Quatre ans plus tard, il a appris à en jouer, à composer et ouvre pour BB, puis pour Ben Harper aux Nuits de Fourvière, et pour beaucoup d'autres. Car que ce soit en solo ou entouré d'un groupe de solides gaillards qui apporte son expérience et sa dureté rock à des morceaux tout en nuances, Ronan fait aussi sacrément la blague en concert, où il a très tôt eu l'assurance d'un vieux briscard, n'hésitant pas à faire chanter les publics venus applaudir d'autres têtes d'affiches. Il est donc conseillé de s'éclaircir la voix avant cette nouvelle première partie de prestige que sera le PB Live du 12 juin.
Stéphane Duchêne