La seizième Biennale de la danse, toujours aussi prolifique et hétéroclite, se place cette année sous le signe de la performance et de ses avatars contemporains. Jean-Emmanuel Denave
Pour sa deuxième Biennale, Dominique Hervieu enfonce le clou de ses convictions et de sa sensibilité. Si sa programmation, comme celle de son prédécesseur Guy Darmet, s'ouvre à tous les styles de danse contemporaine (du hip hop avec l'incontournable Mourad Merzouki au néoclassique en passant par le flamenco avec Rocío Molina et quelques chorégraphes inclassables), elle s'enrichit d'un nombre de créations plus important (comme cette Carmen selon Dada Masilo) et, surtout, se teinte de deux ensembles thématiques : le cirque contemporain et la performance. Si le premier, notamment représenté par James Thierée et la Compagnie XY, est aujourd'hui une quasi porte enfoncée, la réflexion annoncée sur l'actualité de la seconde promet d'être beaucoup plus stimulante ! Le fil rouge tissé par Dominique Hervieu tient dans cette question : «Quelle influence a exercé et continue d'exercer la performance sur les "arts canoniques" (le théâtre et la danse) ? ». «Mon idée, continue la directrice de la Maison de la danse, est de juxtaposer des pièces historiques et des créations pour soumettre le contemporain à l'épreuve d'œuvres emblématiques du XXe siècle et réciproquement».
Tension
Du côté des œuvres historiques, on (re)découvrira notamment Relâche du trio dadaïste Francis Picabia, Erik Satie et René Clair, rejoué par le Ballet de Lorraine, et l'œuvre fleuve mythique de Jan Fabre C'est du théâtre comme c'était à prévoir, soit huit heures de performances assez poétiques interprétées par neuf danseurs-comédiens !
Côté contemporain, les farfelus et provocateurs François Chaignaud et Cecilia Bengolea créeront une pièce sur pointes avec le Ballet de l'Opéra, Noé Soulier présentera Mouvement sur mouvement, solo basé sur les vidéos explicatives de William Forsythe, et une multitude de petites formes performatives émailleront la Biennale hors des salles classiques.
Mais la tension créée par l'idée de performance, floutant les frontières entre la fiction et le réel, pourra se retrouver aussi parmi des pièces aux structures plus habituelles, moins "performatives", comme dans John de la brillante compagnie DV8, créé à partir d'entretiens sur la sexualité dits et mis en corps sur scène.
On retrouvera encore deux autres grandes figures du paysage chorégraphique contemporain : William Forsythe présentera ainsi une création (un condensé de son œuvre en une heure !) avec sa propre compagnie, tandis que Maguy Marin (dont on apprend avec joie le retour prochain à Lyon) créera elle aussi une pièce dont on attend beaucoup. A l'instar, finalement, d'une grande partie de cette Biennale définitivement prometteuse.
16e Biennale de la danse de Lyon
Du 10 au 30 septembre