Lyon BD se double d'une convention 100% comics. Une initiative qui, si elle relève pour l'instant plus du gage de bonne volonté que de l'événement per se, l'impose un peu plus comme un rendez-vous majeur.Benjamin Mialot
«Pourquoi ne pas aimer la bande dessinée? Mais s'en targuer c'est autre chose. C'est dire, en sous main, il n'y a pas d'art mineur» osait Alain Finkielkraut à l'antenne de France Culture début mai. Un mois plus tôt, dans nos pages, Philippe Druillet lui adressait sans le savoir une réponse toute faite : «On est dans les musées, on les emmerde». Une fois de plus, c'est évidemment au légendaire fondateur de Métal Hurlant que le festival Lyon BD donne raison, lui qui s'apprête à reconduire ses impromptus au Musée des Beaux-arts.
Mais à Lyon BD, le neuvième art est aussi sur scène, celle de la Comédie-Odéon, qui verra se succéder le temps de créations plus ou moins improvisées l'Allemand Reinhard Kleist, lauréat du Grand Prix de Lyon en 2013, le blogueur culinaire Guillaume Long ou encore Wandrille, le fondateur des très indépendantes (et très atypiques) éditions Warum et Vraoum.
100 balles et un Marsupilami
Plus généralement, le casting est une fois de plus très dense. Et on ne dit pas ça uniquement parce que les principaux invités ont déjà émargé dans nos colonnes, à l'image du tandem Laurent Galadon et Damien Vidal, Christian Rossi, Didier Tronchet, Guy Delisle, notre cover bird de l'an passé Lewis Trondheim. De nombreux régionaux, tel le tordant B-Gnet ou Chloé Cruchaudet seront aussi au rendez-vous. De très nombreux régionaux même, lancement du sixième volet du projet Bermuda de la librairie Expérience oblige.
Mais c'est évidemment d'ailleurs que viendront les plus belles rencontres. De Bretagne d'abord, terre d'origine de Jean-Claude Fournier, successeur de Franquin aux commandes de Spirou et Fantasio et auteur d'albums parmi les plus mémorables de la série, en tête les écologistes Tora Torapa et L'Ankou – il est également l'invité d'honneur du très familial festival d'Ecully. Du Michigan ensuite, où est né Craig Thompson, auteur des monumentaux Blankets (une autobiographie adolescente qui épouse les contours de l'Amérique profonde) et Habibi (récit érudit et mystique qui lie deux enfances tragiques dans un Orient de conte).
Et surtout d'Argentine, mère patrie d'Eduardo Risso, dessinateur de l'indépassable polar conspirationniste 100 Bullets – le pitch : un mystérieuse G-Man fournit à des personnes triées sur le volet de quoi prouver un méfait à leur encontre et exercer en toute impunité leur vengeance. Il est la principale attraction de Comic Gones, une toute nouvelle annexe entièrement dédiée aux comics. Il est aussi malheureusement la seule, le reste du programme raclant les fonds de tiroir et ratant sa cible éditoriale – une expo sur Spider-Man alors que Batman fête ses soixante-quinze ans, m'enfin ? Mais c'est l'intention qui compte. Et vu la reconnaissance croissante que ce pan finalement méconnu de la BD mondiale – on n'en retient que l'impérialisme et le décorum over the top alors que, tout passionné un peu lucide vous le dira, les meilleurs scénaristes du monde bossent pour Marvel, DC et consorts – elle risque de compter de plus en plus.
Lyon BD
Au Palais du commerce, à l'Hôtel de ville et à la Comédie Odéon, samedi 14 et dimanche 15 juin