Pour son exposition monographique à l'Institut d'Art Contemporain, Guillaume Leblon s'empare des lieux comme d'un véritable matériau à remodeler et réinventer, révélant au visiteur son univers mouvant et poétique.Jean-Emmanuel Denave
Dans un petit journal accompagnant son exposition, Guillaume Leblon a rassemblé quelques-unes des nombreuses images qu'il collecte ici et là : une boule de papier qui roule au sol, un grand huit à demi submergé par la brume, des sculptures anciennes, des fragments de drapés... Certains motifs se retrouveront dans ses œuvres mais, surtout, ce journal révèle l'intérêt de l'artiste pour la peinture, l'image, la surface, ainsi que pour l'imagerie anonyme et triviale (coupures de presse, croquis, photos amateurs...). Emprunté à un poème de Sebald, le titre de son exposition, A dos de cheval avec le peintre, souligne encore ce lien avec le passé.
Il propose aussi au visiteur une balade, une promenade visuelle donnant de nouvelles perspectives sur l'espace et les objets, une traversée d'un paysage singulier selon différents rythmes... Guillaume Leblon s'est en effet emparé des onze salles de l'IAC comme d'une matière première qu'il a reconfigurée, remodelée, redécoupée. Inventant de nouvelles circulations, bousculant l'architecture des lieux, traversant même parfois les murs, comme avec ses grandes ailes de moulin ou son volumineux cube d'argile frais. Cette dernière œuvre nommée National Monument est d'ailleurs emblématique de l'oeuvre de l'artiste : une imbrication du travail de la main, de la redéfinition des espaces et des proportions, l'ouverture de possibles.
Plasticité
De salle en salle, on change souvent d'univers plastique : d'enveloppes de plâtres représentant un chien et un cheval fantomatiques à des espaces plus maritimes avec sculpture d'une femme en matière sablonneuse, empreintes de crustacés, passerelle donnant sur une sorte de plage et, un peu absurde et poignante, une échelle de baignade accrochée à une cimaise. Comme l'indique le guide de l'exposition, l'espace ici «vit et se transforme, il suinte, il respire, il se sédimente ; ce qui est à voir n'est pas toujours ce que l'on voit, dans le sens où il s'agit pour l'artiste de mettre en mouvement le travail et le regard». Cette malléabilité et cette instabilité des formes et de l'accrochage sont à l'IAC particulièrement réussies, l'artiste proposant avec subtilité et beaucoup de poésie un vaste champ imaginaire qui traverse les époques, les éléments, les frontières entre les genres.
Guillaume Leblon
A l'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne, jusqu'au dimanche 24 août