article publi-rédactionnels
Lectures cinéphiles et estivales
Par Christophe Chabert
Publié Mardi 8 juillet 2014 - 1633 lectures
Avant de vous tirer lâchement en vacances vers quelque tropique ensoleillé, n’oubliez pas de fourrer dans votre sac deux ou trois bouquins de cinéma, car la saison a été excellente en la matière. Et cela vous donnera sans doute envie de voir des films à votre retour… Christophe Chabert
Sous l’impulsion de quelques éditeurs dynamiques — Rouge profond, Capricci, les Cahiers du cinéma, et bientôt Carlotta — les livres consacrés au cinéma connaissent un boom quantitatif et qualitatif dont il serait absolument stupide de se priver. Disons d’abord un mot d’un livre essentiel sorti en novembre dernier, le troisième volume que le génial Pierre Bethomieu consacre au cinéma hollywoodien, Le Temps des mutants. Avec son approche hegelienne de l’histoire du cinéma, Berthomieu démontre que le cinéma américain contemporain vit toujours dans l’héritage du classicisme forgé par Cecil B. DeMille, que l’on retrouve chez Spielberg — incroyable chapitre consacré à cette œuvre «anachronique» qu’est Cheval de guerre — Cameron, Zemeckis, DePalma, Coppola — superbe analyse de Twixt — ou Bryan Singer, dont les X-Men fournissent leur titre à l’ouvrage. La sortie de Days of Future Past a d’ailleurs montré toute la pertinence des commentaires de Berthomieu.
Preux chevaliers du 7e art
Théorie toujours avec un bref essai signé Vincent Amiel autour de Lancelot du Lac de Robert Bresson, paru aux Presses Universitaires de Lyon (PUL). Qu’y a-t-il encore à dire sur le cinéma de Bresson qui n’ait pas été dit cent fois ? C’est justement en s’attaquant à un film moins réputé du cinéaste qu’Amiel parvient à renouveler la littérature déjà conséquente sur l’auteur. En quelques brefs chapitres qui arrivent à déplier les plans bressoniens et à montrer comment ceux-ci aboutissent à un cinéma du présent pur, il réussit l’exploit d’offrir un éclairage neuf et limpide sur une œuvre rugueuse et difficile.
Du coq-à-l’âne : conseillons enfin le passionnant bouquin d’entretiens avec Alex De La Iglesia paru chez Rouge Profond, Alex De La Iglesia, La Passion de tourner. Paru à l’occasion d’une rétrospective de son œuvre à la cinémathèque basque — il est né à Bilbao — le livre permet de donner longuement la parole à un des plus importants créateurs européens contemporains, montrant comment cet enfant de la culture geek s’est construit en opposition à la culture dominante avant de mettre de l’eau dans son vin et d’accéder, pour le meilleur et pour le pire, à des responsabilités académiques. On découvre un De La Iglesia ouvert, franc, intègre et engagé, qui livre à la fois des clés sur ses méthodes de travail mais aussi sur les soubassements personnels de son œuvre, du souvenir du franquisme jusqu’aux indignés de la Puerta Del Sol. Le grand livre qu’on attendait concernant ce grand cinéaste.
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mercredi 9 mars 2016 Sous la houlette de leur directeur Laurent Hugues, les Reflets villeurbannais sont devenus une indispensable passerelle entre les cinémas latins et le public français. Et un passage obligé pour les cinéastes de référence.
Jeudi 2 janvier 2014 Alex de la Iglesia fait de nouveau exploser sa colère dans un film baroque et échevelé, comédie fantastico-horrifique qui règle ses comptes avec la crise espagnole et, mais là le bât blesse, la gente féminine.
Christophe Chabert
Mardi 21 juin 2011 Coup de foudre / Rageur, baroque et violent, Balada triste évoque les années noires du franquisme à travers la rivalité de deux clowns amoureux d’une même femme : ni allégorique, ni ironique, Alex de la Iglesia signe son meilleur film, une tragédie...
Mardi 14 juin 2011 Rageur, baroque et violent, "Balada triste" évoque les années noires du franquisme à travers la rivalité de deux clowns amoureux d’une même femme : ni allégorique, ni ironique, Alex de la Iglesia signe son meilleur film, une tragédie d’une noirceur...
Mercredi 19 mars 2008 Sans être le meilleur film de son auteur, le nouveau Alex de la Iglesia est un jeu de piste assez ludique où le cinéaste relève le pari de faire un thriller avec des maths et de la philo, à la surface faussement consensuelle.
CC