Dance machine

Future Islands

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Auteur avec "Singles" d'un album magnétique et tout en étrangeté, aussi dansant que mélancolique, Future Islands a frappé très fort cette année. Mais à la remorque de Samuel Herring, chanteur timbré oscillant entre fou chantant et derviche ringard, le groupe de Baltimore est avant-tout un impératif scénique. Stéphane Duchêne

Ci-devant chanteur de Future Islands – et même un peu plus que ça, tant il a réhabilité l'expression de frontman – Samuel T. Herring a eu droit à des comparaisons avec un Steve Martin chantant et dansant, un frère cinglé de Russell Crowe, Burt Reynolds sous acide ou Henry Rollins imitant la fameuse choré du cousin Carlton dans Le Prince de Bel-Air. Le tout en étant affublé de la voix du Cookie Monster de Sesame Street. Autant de considérations issues des commentaires goguenards – il y en a d'autres – attenants à une vidéo du saisissant passage du groupe dans le Late Show de David Letterman où les feulements d'Herring, t-shirt rentré dans un pantalon trop court et faux airs d'Al Capone (aussi), viennent parfois lui chatouiller la rate. On aurait tendance à dire qu'il s'agit là de "tout un programme" mais il est tel qu'il s'agit davantage d'un catalogue, voire de la Constitution.

C'est qu'on a affaire avec Future Islands, et depuis quatre albums, à un étrange mélange de new-wave, de pop, de post-punk fleuri, au départ très orienté sur l'expérimentation lo-fi Animal Collective-friendly – ils sont eux aussi installés à Baltimore, ceci expliquant cela – puis plus du tout comme on peut le constater sur leur dernier album. Lequel est une sorte d'épopée à la fois romantiquement naïve, catchy et mélancolique, effectivement mis en gorge par un interprète à l'organe insaisissable parce que trop volatile.

Synth pop

Mais de la même façon que ses pas de danse fascinent, cette voix de derviche chouineur finit par happer l'auditeur/spectateur dans une triste transe, une triste danse qui tenterait d'achever les chevaux. Prêcheur égaré dans un Macumba, Herring fait montre d'un sens de la formule d'une simplicité télévangélique et d'une efficacité ad hoc. Simplement couchés sur le papier ou dans la bouche d'un interprète sans relief, ses textes paraîtraient d'une candeur à faire pousser les fleurs bleues comme du chiendent.

Oui mais voilà : dégorgés par un chanteur qui semble y jouer sa vie, c'est une autre histoire, qu'il faut écouter et se prendre très frontalement. Comme il faut se laisser saisir par l'efficacité (terme parfois péjoratif quand il s'agit de musique, pas ici) de ce qui enrobe la folie Herring. A savoir cette synth pop – une pop à base de synthé qui, ici, serait par extension dotée d'un impressionnant esprit de synthèse comme germe de ce drôle de mélange. Quoi qu'il en soit, Future Islands a eu l'audace, car c'en est une petite, de présenter sa nuque aux bourreaux en baptisant son dernier album en date Singles. Et le talent d'allier, une fois de plus, le geste à la parole.

Future Islands
A l'Epicerie Moderne, vendredi 17 octobre

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