Une goutte qui compte

Linda Sanchez

Fondation Bullukian

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Lauréate du Prix Bullukian 2013, Linda Sanchez expose à la Fondation son nouveau projet artistique qui d'une goutte d'eau fait surgir des formes étonnantes et des dérives quasi situationnistes. Jean-Emmanuel Denave

Elle déboule sur un plan bleu gris, accélère, bifurque, puis grossit, ralentit soudain, s'immobilise, palpite et respire comme un organisme vivant, repart de plus belle... Qui ? Une simple goutte d'eau. Linda Sanchez en a suivi les trajectoires et les mini-métamorphoses avec une caméra et propose à la Fondation Bullukian une vidéo composée de quatre séquences de vingt minutes environ. Tétralogie de l'infime, hypnose du peu, dramaturgie du rien et de ses multiples péripéties : refléter telle ou telle lumière, contourner une poussière, buter contre une mouche, s'engrosser de son alter ego, subir les aléas du vent...

«A l'origine du projet, nous indique l'artiste, je voulais me concentrer sur un petit objet et une goutte d'eau me semblait à la fois ce qu'il y a de plus simple et insignifiant. Mais ça s'est avéré en réalité un gouffre de complexité !» A partir de cette vidéo, Linda Sanchez a décliné tout un travail autour de cette intrigante goutte d'eau : des photographies, de grands dessins où l'artiste a tracé les évolutions de la "robe" de la goutte en déplacement. Un dessin de 4, 50 mètres de long (Chronographie de robe de goutte d'eau) représente ainsi une trajectoire réelle de 6 centimètres et ressemble concrètement à une sorte de carte géographique où l'on voit schématiquement les vitesses, les rencontres et les bifurcations de notre héroïne liquide.

«Ta ligne de chance...»

Sur un plateau à la surface poreuse, l'artiste a par ailleurs tracé différentes courbes où de minces filets d'eau ruissellent en continu, paraissant immobiles. Seule la poussière qui s'y dépose révèle quelques mouvements. Au-delà de la fascination pour un microcosme, au-delà de la poésie qui s'en dégage, l'ensemble de l'exposition travaille et expérimente les notions de trajectoires, de bifurcations, de lignes, de flux... L'artiste tour à tour les observe, les provoque, les restitue sous différentes formes (vidéo, photo, dessin...), les prolonge... Linda Sanchez situe son travail dans un "devenir" deleuzien, devenir animal ou imperceptible ici.

Comme dans ses projets précédents, la création s'effectue à partir de l'expérimentation en atelier, à la frontière du hasard et de la volonté subjective. «Je ne pars jamais de formes prédéfinies mais d'expériences, et mes œuvres naissent d'allers-retours entre ce que je produis et ce qui se passe». Linda Sanchez a travaillé avec des toiles d'araignées, du sable, des pommes de terre, du bois... Un "trouvé-créé" (selon la formule de Winnicott) dont elle intensifie les devenirs et les processus autonomes, les faisant dériver et les déclinant jusqu'à l’absurde, l'épuisement, l'émerveillement aussi.

Linda Sanchez
A la Fondation Bullukian jusqu'au 17 janvier

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