Jean-Christophe Bailly, vers l'infini et au-delà

Jean-Christophe Bailly

Galerie Michel Descours

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Connu du grand public pour "Le Dépaysement, voyages en France", Jean-Christophe Bailly vient de faire paraître un livre entretiens qu'il présentera à la galerie Descours. Soit une double occasion de découvrir son œuvre foisonnante et singulière. Jean-Emmanuel Denave

Jean-Christophe Bailly fait partie de ces écrivains ou intellectuels qui agacent particulièrement les journalistes (tant mieux !) en n'entrant dans aucune "case". A la fois poète, philosophe, dramaturge, éditeur, critique d'art, essayiste, romancier, ce penseur âgé de soixante-cinq ans a aussi connu les influences les plus diverses : le surréalisme, Georges Bataille, le premier romantisme allemand (avec L'Encyclopédie de Novalis notamment), Cesare Pavese, Walter Benjamin, Büchner... On lui connaît aussi des amitiés et des collaborations avec des artistes (Jacques Monory, Piotr Kowalski...), des philosophes (Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe), des photographes (Bernard Plossu)... Sa biographie comme sa bibliographie ressemble à un archipel éclaté. Et lui-même se réclame du projet romantique consistant à «connecter infiniment» les genres et les domaines. «L'univers aussi parle, écrit Novalis. Tout parle, des langues inconnues» Il s'agira donc d'écouter et d'intensifier notre perception de ces langues inconnues, qu'elles soient celles des poètes ou celles des animaux, que Bailly chérit tout particulièrement.

Une pensée claustrophobe

Ses entretiens avec Philippe Roux sont une sorte de passionnante cartographie de cet archipel. Peu à peu s'y dessine une ligne suivie par Jean-Cristophe Bailly de livre en livre : expérimenter et sortir des frontières fixes. «La société dans laquelle nous vivons est entièrement fondée, et je dis bien fondée, sur l'empêchement de l'expérience, c'est-à-dire que tout y est organisé – le travail comme le loisir – pour détourner les individus de ce qui les conduirait vers eux-mêmes, vers ce qu'on a appelé à la suite de Simondon les processus d'individuation. La réalisation, la construction de soi. Mais construction ne va pas : cela évoque quelque chose de solide, or l'individu qui se construit n'est pas solide, heureusement pour lui, il est fluide, en devenir, changeant, influençable, et c'est formidable d'être influençable, c'est nécessaire, c'est la vie...»

Qu'il s'intéresse à la politique ou aux images, aux animaux ou au paysage, Jean-Christophe Bailly ne cesse de faire trembler sur leur socle factice les identités figées, les idées dominantes, le prêt à penser. «Une identité n'est pas la somme de toute une série de traits que l'on met dans un bocal fermé hermétiquement. Une identité, c'est un phrasé, c'est quelque chose qui est en cours. Or ce phrasé, il est sans arrêt menacé par tout ce qui cherche à convertir le mystère de l'identité en système de valeurs». Ouvrir, connecter, intensifier nos perceptions, tels sont les défis fertiles de la pensée lancés par Bailly.

Jean-Christophe Bailly
A la galerie Michel Descours jeudi 27 novembre

Passer définir connecter infinir (Argol.)

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