De Sophie Letourneur (Fr, 1h27) avec Lolita Chammah, Benjamin Biolay, Félix Moati...
Qu'est-il arrivé à Sophie Letourneur ? Depuis son prometteur La Vie au Ranch, elle s'est enfermée dans un cinéma de plus en plus autarcique et régressif. Les Coquillettes sentait le truc potache vite fait mal fait, un film pour happy few où la blague principale consistait à reconnaître les critiques cinéma parisiens dans leurs propres rôles de festivaliers traînant en soirées. Gaby Baby Doll, à l'inverse, choisit une forme rigoureuse, presque topographique, reposant sur la répétition des lieux, des actions et des plans, pour raconter... pas grand-chose.
Car cette love story campagnarde longuement différée entre un ermite barbu et épris de solitude (Biolay, égal à lui-même) et une Parisienne qui ne supporte pas de passer ses nuits seule (Lolita Chammah, plutôt exaspérante) est pour le moins inconsistante. Letourneur semble parodier la forme de la comédie rohmerienne en la ramenant sur un territoire superficiel et futile, une sorte de fantaisie girly intello dont les contradictions lui pètent en permanence à la figure. On sent que la cinéaste voudrait qu'on prenne au sérieux son manque de sérieux, qu'on fasse de grandes dissertations sur la maigreur de son argument — c'est voulu — et la rigidité de son style — c'est un parti pris. Mais rien n'y fait : Gaby Baby Doll, à l'image de la chansonnette poussive qui le conclue, c'est de l'easy cinema sans conséquence, sitôt vu, sitôt oublié.
Christophe Chabert