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Avec Cult of Youth, il faut que jeunesse trépasse

Cult of youth + Grand royale

Sonic

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Un titre qui annonce la fin des haricots, une pochette représentant la Tour de Babel, ce totem effondré de l'excès de zèle mégalomane, une entrée en matière tribal-world-SM : sur son dernier album Cult of Youth ne fait pas semblant d'annoncer très tôt et très fort la couleur. Celle d'un groupe en total look "post-", en prêche dimanche au Sonic. Stéphane Duchêne

Au commencement, Cult of Youth constituait, depuis la grouillante et brouillonne Brooklyn, une sorte de mélange de psychédélisme échevelé façon Brian Jonestown Massacre et de folk violoneux de bateau ivre à la Waterboys – qu'on imagine Anton Newcombe leader d'un groupe panceltique ou Mike Scott ahanant le Massacre, on ne sera pas loin d'une vérité en forme de n'importe quoi absolu.

Puis, au fur et à mesure, et plus spectaculairement sur ce dernier album, s'est produit une apocalypse : autour des guitares acoustiques sujettes aux démangeaisons de panique, le ton est monté comme l'eau du déluge, tout s'est fait plus sourd, plus fort, l'ambiance s'est habillée lourdement de brumes électriques, d'orages froids et de cavaliers cadavériques.

Cessant par la présente de tourner toujours autour du même pot, Cult of Youth se met maintenant à l'attaquer ; à lui mettre des coups de lattes – et même des coups d'ossements humains, pour de vrai, car n'est pas pensionnaire du label Sacred Bones qui veut. Quant à Sean Ragon, la voix du Cult déjà bien branlante, il se dégonde à la première occasion – on a un aperçu notoire de l'ensemble sur la montée en vrille qu'est Dragon Rouge – grande figure biblique, devenue blakienne, de l'Apocalypse.

Ragon rouge

C'est que le grand Ragon rouge de colère, qui aurait écrit une partie des paroles en prison, pointe du doigt le Mal (la religion, la politique, la finance, qui d'autre ?) mais sans jamais le nommer directement, son travail de sape s'effectuant à coups de métaphore. Sans doute parce que la métaphore permet d'évoquer la dégueulasserie sans faire l'économie de la beauté, toujours omniprésente chez Cult of Youth, peut-être plus qu'avant.

Une beauté paradoxalement souvent lumineuse, à l'image du final d'Of Amber, doux comme une fin du monde réussie, ou l'ultime morceau de l'album, le très badseedien Roses, qui semble vouloir poser une couronne de fleurs – piquantes comme des fourches, certes – sur toute l'affaire.

Dans un monde qui donne tous les signes d'une fin de cycle généralisée, Cult of Youth a choisi d'en entamer un nouveau avec le courage aveugle de ceux qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Engageant du haut de Babel un impensable saut de la foi sans chute.

Cult of Youth [+ Grand Royale]
Au Sonic dimanche 1er mars

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