Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, Rosemary Standley change de peau musicale comme on change de costume – et ceci d'autant plus aisément qu'elle change aussi de costume. Après Moriarty et le duo Birds on a Wire avec Dom la Nena, après A Queen of Heart, son spectacle de music hall, revoilà la chanteuse protée sous un nouvel avatar. A croire que là où beaucoup de musiciens ont un ou des projets parallèles, en sus de leur formation principale, Rosemary est son propre projet parallèle – une version chantante du Michael Keaton de Multiplicity.
Certes, il s'agit toujours plus ou moins de décliner le même goût du partage et de profiter d'un palais bien formé aux mélanges folk / musique baroque – deux de ses amours – et à grands renforts de reprises – son péché mignon. Cette fois-ci, avec Love I Obey, la Standley se coltine à l'ensemble Helstroffer, qui donne dans l'instrument ancien (théorbe, clavecin, orgue, viole de gambe, serpent – l'instrument, pas la bête) et toute sa patine à un ensemble d'incunables du folk (Poor Wayfaring Stranger, Hush Bye, tiré des malles d'Alan Lomax), du baroque anglais (William Lawes, précurseur du genre, et bien sûr Purcell), de la musique de cour...
Comme pour Birds on a Wire mais dans une veine bien plus baroqueuse, la magie Standley opère immédiatement et ne tient bien sûr qu'à une chose : les qualités d'interprétation et d'incarnation – sur scène, la chose prend encore une autre dimension – de la chanteuse, toujours aussi à l'aise dans le dialogue avec les époques et les musiciens qui l'accompagnent. Quels qu'ils soient.
Stéphane Duchêne
Love I Obey
Au Temple Trinité le samedi 5 mars 2016 à 20h30