De Brice Cauvin (Fr, 1h40) avec Laurent Lafitte, Agnès Jaoui, Benjamin Biolay, Nicolas Bedos...
Tiré d'un best-seller de Stephen McCauley, L'Art de la fugue se présente en film choral autour de trois frères tous au bord de la rupture : Antoine se demande s'il doit s'engager plus avant avec son boyfriend psychologue ; Gérard est en instance de divorce avec sa femme ; et Louis entame une relation adultère alors qu'il est sur le point de se marier. Le tout sous la férule de parents envahissants et capricieux — savoureux duo Guy Marchand / Marie-Christine Barrault.
On sent que Brice Cauvin aimerait se glisser dans les traces d'une Agnès Jaoui — ici actrice et conseillère au scénario — à travers cette comédie douce-amère à fort relents socio-psychologiques. Il en est toutefois assez loin, notamment dans des dialogues qui sentent beaucoup trop la télévision — les personnages passent par exemple leur temps à s'appeler par leurs prénoms, alors qu'ils sont à dix centimètres et qu'ils entretiennent tous des liens familiaux ou professionnels... C'est un peu pareil pour la mise en scène, plus effacée que transparente, tétanisée à l'idée de faire une fausse note.
Malgré tout cela, le film se laisse voir, il arrive même à être parfois touchant — notamment le beau personnage de Laurent Lafitte, le comédien n'y étant pas pour des prunes — et il réserve sur la fin une surprise : un full frontal d'Élodie Frégé, dont les talents d'actrice mériteront de s'épanouir à travers des personnages autrement plus développés, mais dont l'impudeur casse-cou est déjà en soi un courageux pied de nez à l'aseptisation rampante du cinéma français.
Christophe Chabert