Nagisa Oshima, contes cruels du Japon

Le Petit garçon
De Nagisa Oshima (1969, Jap, 1h45) avec Tetsuo Abe, Tsuyoshi Kinoshita...

L’Institut Lumière présente trois films de Nagisa Oshima en copies restaurées, illustrant le versant le plus politique de son œuvre.

Les films les plus célèbres de Nagisa Oshima — L’Empire des sens, Furyo et Max mon amour — ont tendance à faire du cinéaste japonais un peintre des désirs interdits et de la transgression érotique ; la redécouverte, il y a quelques années, de ses premières œuvres — Contes cruels de la jeunesse ou Les Plaisirs de la chair — allaient dans le même sens, y ajoutant un sens de la narration profondément influencé par le cinéma moderne européen.

Les trois films que propose l’Institut Lumière cette semaine illustrent en revanche la part la plus politique de son cinéma, jamais totalement absente dans son œuvre, mais ici au cœur des intrigues et du propos. La Pendaison est un réquisitoire entre Beckett et Kafka contre la peine de mort et La Cérémonie, à travers l’histoire d’une famille en voie d’extinction, raconte l’Histoire du Japon au sortir de la guerre, avec un regard tranchant et ironique.

C’est ce même regard qui imprègne Le Petit garçon, une des plus belles réussites d’Oshima. Il s’inspire, comme pour La Pendaison, d’un fait-divers : comment une famille escroquait des automobilistes choisis au hasard en simulant des accidents, avant de les faire chanter en menaçant de prévenir la police.

Plutôt que d’adopter le point de vue du couple, Oshima préfère celui du fils aîné, 10 ans à peine, d’abord réticent à participer aux activités douteuses de son père et de sa belle-mère, avant d’en devenir complice et même parfois moteur. L’innocence vole donc en éclats, et l’existence nomade et criminelle de cette famille, filmée en scope dans les décors naturels des villes japonaises qu’elle traverse, dessine un portrait du Japon où la survie repose sur la bassesse et l’absence de scrupules éthiques.

Christophe Chabert

Trois films de Nagisa Oshima
À l’Institut Lumière, jusqu’au 3 mai

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mercredi 9 septembre 2020 Impossible de la manquer cette semaine à Lyon : sa silhouette est aux frontons de tous les cinémas et vous la croiserez peut-être au gré des rues puisqu’elle vient de débuter le tournage du nouveau film de Laurent Larrivière avec Swann Arlaud. Elle,...
Mardi 4 juin 2019 Une famille fauchée intrigue pour être engagée dans une maison fortunée. Mais un imprévu met un terme à ses combines… Entre Underground et La Cérémonie, Bong Joon-Ho revisite la lutte des classes dans un thriller captivant empli de secrets....
Mercredi 19 septembre 2007 Reprise de quatre films de Nagisa Oshima tournés dans les années 60, qui explorent le désespoir de la société nippone à travers le désarroi et l'absence de futur de sa jeunesse. CC

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X