Le groupe ressuscite les fantômes disparus d'une décennie qui n'a visiblement pas fini de nous fasciner.
Si, pour le commun des mortels, la musique des années 60 se résume avant tout aux groupes de pop, rock et folk anglo-saxons qui affolaient les charts de l'époque, une petite communauté disparate d'artistes a quant à elle focalisé son attention sur un versant musical nettement plus obscur de cette décennie : celui des illustrateurs sonores et compositeurs de musiques de films européens.
Repliés dans leurs studios, loin des projecteurs, groupies et autres publics de fans transis, ces derniers ont donné naissance à un nombre assez sidérant de pépites musicales d'une richesse, d'une inventivité et d'une puissance d'évocation souvent sans commune mesure.
Au-delà des crate-diggers et autres producteurs archivistes en quête de samples imparables, des artistes comme Ennio Morricone, Francis Lai, François de Roubaix ou Jean-Claude Vannier (pour ne citer que les plus connus) ont ainsi inspiré toute une nouvelle génération de musiciens séduits par leur mélange inspiré de psychédélisme, de prog-rock et de synthés vintage aux sonorités troublantes.
À ce petit jeu là, difficile de trouver plus convaincant qu'Emile Sornin, leader du groupe Forever Pavot dont le toujours impeccable label parisien Born Bad vient de sortir il y a peu le premier long-format. Loin de sombrer dans le fétichisme de bas étage ou le petit jeu stérile de la copie conforme, Sornin s'empare au contraire de l'univers aventureux et volontiers onirique de la "library music" pour lui faire franchir de nouvelles frontières (à commencer par celle du live), ressuscitant au passage les fantômes disparus d'une décennie qui n'a visiblement pas fini de nous fasciner.
Forever Pavot
A la Maison de la Confluence, samedi 16 mai à 18h30