Depardieu et Huppert entre la vie et la mort, mais aussi entre réalité et fiction, dans un film étrange et inabouti de Guillaume Nicloux.
«Putain, la chaleur !» dit Gérard (Depardieu) transpirant sous le soleil californien lorsqu'il retrouve son ex-compagne Isabelle (Huppert). Qui sont-ils et que viennent-ils faire là ? La première réponse est la plus complexe : Depardieu et Huppert sont comme des hybrides du couple qu'ils formèrent à l'écran à l'époque de Loulou et des comédiens qu'ils ont été ensuite. Ce mélange-là, entre ce que l'on sait de leur vie — étalée et commentée pour Depardieu, plus discrète pour Huppert — et les rôles que leur fait jouer Guillaume Nicloux, est la meilleure idée de Valley of Love, son mystère le plus persistant. Il repose sur l'idée que certaines stars ont un besoin minimal de fiction pour exister à l'écran, charriant leur légende avec elles.
Cette fiction a minima répond à la deuxième question et s'avère plus problématique : convoqué post-mortem par un fils gay, exilé aux États-Unis et récemment suicidé, le couple traverse le désert en attendant un signe de cet enfant disparu qui leur promet de revenir. On sent que Nicloux aimerait retourner aux sources atmosphériques et inquiétantes de ses premiers polars — notamment le beau Une affaire privée — mais le fil du récit est tellement ténu qu'il en devient surtout répétitif et ennuyeux.
Valley of Love laisse une drôle de sensation d'inachèvement, trop long et trop court en même temps, trop explicatif dans sa première partie, trop allusif dans la seconde. Seul le spectacle de ses deux comédiens, intenses, drôles et toujours inattendus, assure jusqu'au bout l'intérêt d'un film qui n'est que prometteur.
Christophe Chabert