Tsui Hark trouve enfin (ou presque) la bonne distance face au numérique avec ce film de guerre intense et spectaculaire.
Depuis sa conversion au numérique, le génial Tsui Hark semblait avoir perdu la boussole de son cinéma, confondant effets spéciaux et mise en scène, ordonnancement du chaos et pure bouillie visuelle. De ce point de vue, La Bataille de la montagne du tigre est une bonne nouvelle : Hark parvient à garder une parfaite lisibilité des séquences tout en ne lésinant pas sur les capacités du virtuel et de la 3D. Il faut dire qu'au grand délire sériel de Detective Dee, il substitue ici un pur récit de guerre où, durant la guerre civile chinoise en 1946, une troupe de soldats tente de reconquérir une forteresse tenue par des bandits cruels et sans pitié.
Le film avance ainsi comme une suite de morceaux de bravoure où tout fait spectacle : les combats bien entendu, réalisés avec une liberté totale, capables de concilier effets "bullet time" et découpage classique, mais aussi l'étonnant bestiaire de méchants, freaks aux corps difformes et aux looks improbables. Comme George Miller avec son Fury Road, le vétéran Tsui Hark rappelle sans cesse aux petits maîtres les fondamentaux du cinéma d'action et sa nécessaire générosité, produisant un entertainment à l'ancienne mais avec les moyens technologiques contemporains.
Dommage qu'il commette en chemin quelques fautes de goût, comme ce tigre numérique ridicule ou cette fin alternative bonus pas loin du what the fuck total. La Bataille de la montagne du tigre reste toutefois son meilleur film depuis des lustres.
Christophe Chabert