Tom à l'écurie

Tom à l'écurie
On achève bien les anges (Élégies)

Parc de Parilly

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Grand fan de Tom Waits, Bartabas a fait du plus buriné du crooner l'ombre sonore de ses "Élégies". Un choix judicieux.

D'une de ses grandes idoles musicales, Bartabas dit qu'il est une sorte de Kurt Weill de son époque. Et c'est vrai : on retrouve chez Tom Waits le roulis brinquebalant de certaines des compositions de Weill, également à l'affiche sonore d'On achève bien les Anges (Mandalay Song, La Ballade du souteneur, le classique des classiques Alabama Song et ses déambulations d'un whiskey bar à l'autre immortalisées par les Doors et David Bowie, grand fan de Weill).

Pour On achève bien les anges, Bartabas a ainsi puisé dans l'œuvre pléthorique et circassienne de Waits certaines de ses plus belles comptines déglinguées, comme ce A Sight for Sore Eyes pour le plaisir des yeux», mise en abîme de l'effet produit par les spectacles de Zingaro) qui démarre sur les douces notes déchirantes d'Auld Lang Syne, un traditionnel écossais connu en France sous le titre Ce n'est qu'un au revoir, sur les jours passés et les vieilles amitiés – on note d'ailleurs que le chef de Zingaro est également allé chercher le nostalgique Dirty Old Town d'Ewan McColl (1949), satellisé bien plus tard par les Pogues.

Or, c'est bien une vieille amitié de longue date mais sans doute platonique, à distance, d'un artiste (Bartabas) pour l'autre (Waits) qui lie ces deux univers avec une manière d'évidence. En témoigne la cohérence absolue des choix du cavalier-chorégraphe dans une poignée d'albums parfois très éloignés dans le temps : les chevalins The Black Rider (1993) et Mule Variations (1999), mais aussi Foreign Affairs (1977), Frank Wild Years (1987), Bone Machine (1992) ou Blood Money (2002), montrant par là même – et dans la manière dont ils se mêlent avec des pièces classiques – l'intemporalité de l'œuvre de celui à qui Fourvière avait rendu un vibrant hommage avec Rain Dogs Revisited.

Ce que l'on entend ici, c'est la nostalgie, la conscience aiguë de la mortalité et de l'inéluctabilité de la perte (I'll Be Gone, How it's Gonna End, Widow's Grove). Bref, de ces au-revoir qui pour être déchirants, n'empêchent pas moins de vivre, de rêver et donc de croire aux anges et aux fantômes. Or les chansons de Waits, comme les spectacles de Zingaro, ne sont rien d'autre que des rêves (à demi) éveillés ; c'est sans doute pourquoi ces pays des song(e)s chevauchent si bien côte à côte.

Stéphane Duchêne

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