La crème des artistes internationaux (Lepage, Stein, Jarzyna pour une variation sur "Opening Night"...) a beau fouler nos planches cette saison, on aurait tort d'en oublier les pointures rhônalpines. Zoom sur les prochains spectacles de Richard Brunel, Michel Raskine et cie.
Une fois n'est pas coutume, c'est à l'Élysée (quand bien même l'Espace 44 a rattaqué dès le 1er septembre) que débute en fanfare la saison théâtrale : Michel Raskine y adapte Au cœur des ténèbres de Conrad avec l'éternelle Marief Guittier et l'excellent Thomas Rortais qu'il avait déjà mis à l'épreuve dans son (forcément) triomphal Triomphe de l'amour en 2014. Plus tard, il prendra les mêmes et recommencera, cette fois aux Célestins, pour une adaptation de Quartett d'Heiner Müller (6 au 24 janvier) qui lui-même écrivait là sa version des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos – «une comédie» selon les mots du sulfureux écrivain. Le travestissement ne devrait jamais être loin, l'amusement non plus.
La nouvelle création de Gilles Pastor s'annonce elle plus caustique que ludique puisque, après avoir brillamment mis en scène l'Affabulazione de Pasolini l'an dernier, il revient avec un montage de récits autobiographiques de l'éternel endeuillé Thomas Bernard, Thomas (Croix-Rousse, du 3 au 7 novembre), interprété par le plus doué des dévoreurs de textes, Jean-Marc Avocat.
Libérateurs
De leur côté, les directeurs des Comédies de Saint-Étienne et Valence se lancent dans l'œuvre de Bernard-Marie Koltès. Ce n'est cependant pas avec Roberto Zucco que passera le Drômois d'adoption Richard Brunel. Il présentera en effet au TNP L'Empereur d'Atlantis (17 au 24 mars), opéra composé par Viktor Ullmann dans le camp de Terezín, vitrine d'une élite juive à peine moins mal traitée que les autres déportés. C'est précisément ici que fut joué pas moins 55 fois le Brundibár mis en scène par son acolyte Jeanne Candel (Croix-Rousse, du 29 mars au 3 avril), qui avait co-créé avec Samuel Achache le déconcertant Crocodile Trompeur.
Moins tragique mais tout aussi aride est Le Retour au désert (Célestins, du 3 au 11 février), le plus émouvant texte de Koltès auquel s'attelle le Stéphanois Arnaud Meunier avec Catherine Hiegel et Didier Bezace. Après l'épopée boursière Chapitres de la chute, c'est une autre histoire inextricable qu'il démêlera ici, celle de l'Algérie française.
Enfin, saluons le retour des Ardéchois de la compagnie Pôle Nord. Après avoir présenté un très délicat et grinçant dyptique sur le travail en 2011 (Ô mon pays), Lise Maussion et Damien Mongin se pencheront dans L'Ogre et l'enfant (Élysée du 6 au 17 octobre, La Mouche le 5 avril) sur l'ailleurs, le temps d'une traversée des mondes muette mais accompagnée par Nina Simone.