Les CunninLynguists stimulent le hip-hop

Game of Thrones saison 3 épisode 5 : Jon Snow rompt son vœu de chasteté avec la farouche Ygritte, non sans se découvrir des talents linguaux insoupçonnés – et pour cause, il en sait d'une manière générale, c'est bien connu, encore moins que Socrate. Et Internet de se gausser, partagé entre l'incrédulité et l'admiration.

Will Rap for Food, le premier album des CunninLynguists provoqua en son temps (2001) des réactions similaires : on y faisait la connaissance d'un duo-puis-trio en décalage complet avec les sales manies rapologiques de son Dirty South natal – car préférant la dérision, les rimes à tiroirs et les ruses mélodiques du turntablism (et le feeling rythmique de la Great Black Music) à la fanfaronnade, aux punchlines à sens unique et au gangstérisme FM – et qui allait rapidement s'imposer comme l'un des groupes les plus stimulants (oh oh) de la scène indé américaine, s'attirant au passage de méritées comparaisons avec Outkast – qui figure d'ailleurs à leur incroyable tableau de chasse aux samples, aux côtés de King Crimson, Elton John, Henry Mancini, Mobb Deep ou encore Tchaïkovski.

Kno, Deacon the Villain et Natti n'ont toutefois jamais connu le succès planétaire qui a été celui d'Andre 3000 et Big Boi. Mais ils ont su maintenir, au fil des albums, du manifeste néo-rural Southerunderground à leur série de mixtapes en très bonne compagnie Strange Journey en passant par le psychédélique Oneirology, un niveau d'excellence lexicale, sonore et, bien sûr, phonétique, à filer une fièvre catarrhale (ou "maladie de la langue bleue") au bâtard Stark.

CunninLynguists [+ Eddie Woogie]
Au Kao mercredi 4 novembre