Au Sonic, les épanchements folk de Rivulets

Onomastique des groupes, la suite : qu'est-ce qu'un rivulet ? Eh bien, quand on vous posera (fatalement, inévitablement) la question lors de l'ouverture de la saison de la raclette, au lieu de plonger votre regard dans les limbes françois-beaunesques du Morbier, vous répondrez : un petit ruisseau, un ruisselet, une rigole.

C'est très exactement, comme quoi l'onomastique a parfois du sens, Dieu merci, ce qu'évoque la musique en demi-teinte de Rivulets, a.k.a. Nathan Amundson. Un petit ruisseau néanmoins pas très porté sur la rigole, qui coulerait dans une grotte, un aven où chaque clapotis, chaque murmure résonnerait comme au chœur d'une cathédrale. Il faut dire que ce jeune gars à la discographie vaste comme le Lac Powell est originaire du Colorado, dont le célèbre Grand Canyon fait du moindre murmure un écho pour le monde mais aussi pour personne, et a grandi en Alaska où les montagnes font le même effet.

Mais c'est surtout à l'écoute de son ruisseau intérieur qu'est Amundson, à l'échafaudage de complaintes à la limite de l'auto-complaisance qui ne sont pas sans rappeler cet art de la déprime en sourdine pratiqué par des olibrius tels que Mark Kozelek et Low, entre autres riants ambassadeurs de l'alt-country et du slowcore.

«Je me souviens de tout» est titré, en anglais bien sûr, le dernier album de Rivulets – l'un de ses prédécesseurs s'intitulait «on est foutus» – et c'est peut-être la raison pour laquelle le ruisseau de bile et de larmes de Nathan Amundson semble ne jamais devoir se tarir mais aussi pourquoi, délivré avec régularité et retenue, il ne se mue jamais en fleuve incontrôlable.

Rivulets
Au Sonic mardi 24 novembre