Ce n'est pas parce que son dernier opus sorti, Un + Une, nous a consternés, qu'il faut vouer Claude Lelouch aux gémonies. En plus d'un demi-siècle de cinéma, l'homme a heureusement pour lui — et pour nous — fait mieux... et parfois bien pire.
Plantée d'une cinquantaine de films de toutes tailles, la forêt de son œuvre de fiction se dissimule derrière quelques arbres dont le surestimé L'Aventure, c'est l'aventure (1972), le pudique La Bonne Année (1973) ou le plaisant Itinéraire d'un enfant gâté (1988), qui figurent parmi la rétrospective que l'institut Lumière lui consacre. Si l'on comprend que Viva la vie !, Les Parisiens ou le récent Salaud, on t'aime, sans doute les plus bancals de ses films, aient été “oubliés”, on regrette que l'audacieux Roman de gare (2007) ou le scoliotique mais sincère La Belle Histoire (1992) n'aient pas été retenus.
On se consolera en appréciant “l'autre” Lelouch ; celui qui, lorsqu'il s'écarte de sa propre redite et ne cherche pas à contrefaire la vérité, se fait surprendre de bonne foi par elle — c'est-à-dire sans recourir à des artifices désormais dépassés. Ce Lelouch-là, documentariste et court-métragiste, signe ses films les plus intenses : Treize jours en France (1968) sur les J.O. de Grenoble, ...pour un maillot jaune, sublime évocation du Tour de France 1965, D'un film à l'autre (2011), bilan lucide de sa trajectoire s'ouvrant sur son chef-d'œuvre, le film bref C'était un rendez-vous (1976) : une traversée insensée de Paris à fond la caisse au petit matin motivée par la passion. La parfaite métaphore de sa carrière...
Rétrospective Claude Lelouch
À l'institut Lumière du 6 janvier au 17 février