À l'écoute des Cramps, certains se prennent à rêver de schoolgirls offertes à tout. La musique de leur homophone toulousain, Eddy de son prénom de belle gueule, convoque plutôt l'image de quelque trentenaire teigneuse dissimulant son immarcescible mélancolie sous des couches de fumées tabagiques et de mots d'esprits pop.
Elle a ici, sur le deuxième album sans titre de ce chansonnier qui depuis un peu plus de dix ans trace un méridien reliant l'écriture primitive de Daniel Johnston et l'emphase délicate du Dominique A d'antan (il a repris le premier et se revendique du second), pour prénom Anoucka, et sa bouille de grande gosse pensive (sur la pochette) n'a pas fini de nous hanter.
Car la musique d'Eddy Crampes est de celles qu'on se passe et se repasse quand les nuits ressemblent à des séjours en chambre sourde, bande son d'une vie moderne où «le bonheur est comme le courant alternatif», un coup souvenir (Les plus beaux jours), un coup devenir (Happy on Sunday). Des états que ce cousin de Franck Monnet, avec lequel il partage, outre son irrésistible timbre de confident mal rasé, une haute idée de la variété (cet art dérisoire qui pourtant dit l'essentiel), plaque sur des mélodies d'une belle Évidence, ourlées d'arrangements s'appréciant comme autant de chapitres d'un western intérieur légèrement alcoolisé.
Autant dire qu'entre lui et nous, c'est indubitable, comme avec La Souterraine et Objet Disque, partenaires officiels du renouveau de la francophonie pop, qu'on ne remerciera jamais assez d'avoir mis au jour pareil chanteur de charme.
STRN Fest : Eddy Crampes [+ Gontard! + Thomas Pradier et le Variété Underground]
Au Sonic samedi 16 janvier